17 mai 2018
50 000 mots, 300 000 signes... encore un effort !
Je suis encore l’otage de mes personnages, aussi sympathiques qu’exigeants, peut-être même possessifs, qui ne sont pas tout à fait prêts à vivre sans moi. Je vais être dans l’obligation de les pousser hors du nid…
Une surprise attend mes lectrices et lecteurs fidèles : ce 8ème Polycarpe sortira en même temps qu’un ouvrage qui rassemble toutes les anecdotes liées à la série.
Rendez-vous fin juin et, d’ici là, replongez-vous dans l’univers polycarpien !
11:37 Écrit par Claudine dans littérature, publications, roman policier | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
06 janvier 2018
Les petits secrets de Polycarpe
Un après-midi d’été, nous arpentions les ruelles désertes de Crissay-sur-Manse labélisé « plus beau village de France », patrimoine déserté et figé dans ses vieilles pierres, quand une fragrance dans l’air ‒ que je n’avais jamais sentie nulle part ailleurs en Touraine jusqu’à ce moment‒ me téléportait dans la Charente de mon enfance et j’en ai frémi : des odeurs d’orties et de menthe écrasées, de pierres chaudes, de paille coupées, mêlées aux relents de moisissures arrivant par bouffées de recoins ombreux, d’entrées de chais…
Dans une sorte de rêve éveillé, j’ai superposé les deux villages, mon village d’autrefois plein de bruits, de vie, de malheurs et de joies, tantôt écrasé de soleil, tantôt fondant sous la pluie, et ce village pittoresque mais moribond, et je décidai que ma fiction se déroulerait là, dans cette petite agglomération revitalisée par la perfusion de mon passé charentais.
Comme la silhouette flageolante d’un voyageur venant de l’horizon, mon personnage principal se précisait progressivement : il serait comme nous, plein de défauts et plein d’angoisses, pas beau, pas laid non plus, mais je savais déjà qu’il serait très intelligent sous ses airs de monsieur-tout-le-monde ‒ encombré en quelque sorte de son intelligence comme tous ceux qui sont pourvus d’une lucidité et d’une compréhension hors normes. J’avais exclu de passer mes heures d’écriture avec un type ordinaire.
Il débarquerait de la ville, blasé, déprimé, pour renaître dans une sorte de biotope favorable, soudain effleuré par une utopie d’âge d’or, l’idée d’une petite société où le consumérisme, les apparences, la compétition (l’envie, la méchanceté et l’humiliation) seraient bannis, tout au moins dans un cercle de personnes sachant se reconnaître et devenant amies… J’avais envie de réhabiliter ces valeurs qui passent pour naïves, pour gnangnan disons-le, dans un monde de gagneurs et de guerriers, j’avais envie de les imposer et je le pouvais puisque je suis maître en mon royaume.
Ainsi ce sont constitués les grands traits de mon personnage et le décor de ma série, dont le premier mot n’était pas encore écrit.
Le menton dans la main, devant le calendrier des postes, je cherchai désespérément le prénom de ce brillant personnage pas très beau. Toutes mes références littéraires défilaient dans ma tête… Il était aussi sympa que Qwilleran, aussi grognon que Nestor, intuitif comme Hercule, intelligent comme Sherlock, etc. Il me fallait un prénom choc comme ceux-là, qui s’incruste dans la mémoire et devienne, par un effet de synecdoque, l’homme lui-même… la série elle-même !
Eurêka : je connaissais un brave homme prénommé Polycarpe, le mari de l’institutrice de mes enfants, ouvrier chez Michelin, un prénom qui nous avait toujours paru mystérieux et, qui plus est, un prénom de pape !
Je me suis surprise moi-même à établir une sorte de story-board avant de commencer cette « suite » romanesque. Je voulais la réussir, ne rien laisser au hasard, c’était mon défi… Il fallait border la fiction de contours précis, fixer les points essentiels, bref, créer une « bible » de critères dont la récurrence serait un confort de lecture, ce confort que j’éprouvais à la lecture de mes auteurs de séries préférés (comme cette chère Lilian Jackson Braun récemment disparue)
Ainsi, dès le départ, je cherchai à sous-tendre ma narration de valeurs simples comme la gentillesse et le bon sens et la bonne humeur qui sont les fondements du bonheur en société (qui ne sont pas cependant les valeurs les mieux partagées).
Mais fort est de constater qu’un certain nombre d’individus malfaisants s’emploient à rendre la vie des autres impossible, mésestiment et ridiculisent leurs congénères, réduisent en poussière tout acte généreux, bafouent l’intelligence et piétinent l’amour de leurs souliers à clous.
Eh bien, devant ce constat, une évidence s’imposait : dans mes romans, le crime symboliserait toute cette méchanceté et serait révélé puis puni ; mes personnages positifs, drôles, sympathiques, s’uniraient contre le Mal. Je voulais que les gens bien l’emportent sur les nuisibles et les pernicieux.
J’allais inventer un univers où, je l’espérais, mes lectrices et mes lecteurs aimeraient se plonger. Et quand j’ai eu des preuves que je partageais avec plusieurs centaines de lectrices et de lecteurs ce petit monde d’humanité, alors j’ai été baignée de reconnaissance comme d’une eau miraculeuse. Cette connivence littéraire constituait un baume pour mon âme, et permet la résilience qui cicatrise de vieilles plaies encore douloureuses.
Quoi qu’il en soit, j’ai ainsi créé tout un univers, et ça c’est un challenge, croyez-moi.
16:36 Écrit par Claudine dans confidences, e-book, les petits secrets de Polycarpe, littérature, roman policier | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
18 décembre 2017
Livres à lire et à offrir...
"Ne voilà-t-il pas le roman idéal pour l’hiver ? Un bon plaid, une boisson chaude et un Polycarpe. C’est ma prescription pour passer un hiver sans bougonner !"
17:45 Écrit par Claudine dans chronique littéraire, e-book, les petits secrets de Polycarpe, littérature, publications, roman policier | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
01 décembre 2017
Quelques vues de Polar sur Loire...
photos © Serge Bodin
"A l'année prochaine !"
Samedi dernier, à Polar sur Loire,
les 3 organisateurs du salon, sur le studio mobile RFL 101.
Beau succès, ambiance amicale.
Voir la vidéo de Boris Tampigny
11:38 Écrit par Claudine dans interviews, littérature, roman policier, salons et dédicaces | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
13 novembre 2017
3 Vidéos où il est question de Polycarpe, d'écriture, de livres...
.
Tous les livres (frénétiquement empilés sur la vidéo) existent en version e-book !
16:18 Écrit par Claudine dans interviews, les petits secrets de Polycarpe, littérature, roman policier, salons et dédicaces, video | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
07 novembre 2017
Chronique d'Aurélie P., Blogueuse littéraire, sur POLYCARPE LE VIEUX LOGIS
10:22 Écrit par Claudine dans chronique littéraire, les petits secrets de Polycarpe, littérature, roman policier | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blog auteur, mystères, détectives | Facebook | | Imprimer | |
28 août 2017
Unis vers l'Art, Univers l'art...
J'ai retrouvé ce texte en faisant le ménage de mon ordinateur...
Je suis toujours d'accord avec moi-même, c'est plutôt réconfortant.
Et j'ai envie de partager ces idées avec vous :
Pour un nouveau roman…
Chaque génération innove, normal, puisque le roman suit l'histoire son époque…
Le roman de Renart prône l'astuce pour survivre, les farces, les contes et les soties mettent le petit peuple en scène dans un monde féodal que menacent les famines et il est beaucoup question de jambons volés.
Rabelais est contemporain de la découverte des Amériques et son Gargantua franchit les montagnes en trois enjambées.
La Fontaine, La Rochefoucault, Molière, au temps du roi Soleil décrivent les clivages de la société, son peuple et ses princes, les courtisans, les imposteurs, et affichent ou sous-entendent une morale.
Dans Marivaux, la confusion des maîtres et des valets préfigure la révolution, comme les théories nouvelles de Rousseau.
Les épopées napoléoniennes inspirent Stendhal tandis que la Restauration qui annonce le pouvoir de la bourgeoisie voit l'apogée du roman d'entrée dans la vie avec Flaubert et Balzac, dont les héros ont pour objectif la réussite sociale.
Si la Commune devient le décor de fictions où Victor Hugo, George Sand découvrent de pauvres gens héroïques, bons, plus tard le naturalisme d'un Zola, contemporain montrera la monstruosité de l'âme humaine au moment de l'exposition coloniale.
Au XXème siècle, certains romanciers - et non des moindres - batifoleront dans les bas-côtés de l'Histoire comme Colette ou Proust, Vian alors que les guerres, les dictatures et les exactions feront naître des auteurs comme Sartre, Camus, Aragon… et pour une part, Duras.
Les auteurs d'aujourd'hui ont été nourri des précédents et ont retenu la leçon de l'engagement. Cinquante ans après fleurit le "polar", un genre noir sur lequel flotte le drapeau noir de l'anarchisme, né dans les années 70, se sentant la mission filiale d'empêcher la résurgence du fascisme. Voire de dénoncer des collusions brun/ rouge…
Le polar, littérature noire a eu son heure de gloire en opposition bipolaire avec la littérature dite blanche qui s'est réfugiée dans l'égotisme, les états d'âme et des récits de performances sexuelles… et souvent cantonnée dans le blanc sale, mal lavé, avec des thèmes racoleurs, au plus près des problèmes de société.
Dans la brèche laissée vacante entre ces deux genres, se sont mises à fleurir une littérature de l'irréalité.
Parallèlement aux avancées technologiques est née la SF.
Par refus du noir, du blanc, de la SF mais par besoin de rêver, la littérature fantastique a trouvé des adeptes parmi les adultes et les enfants.
Alors, quelle littérature pour demain ?
La littérature mentionnée ci-dessus trouvent des résonances avec l'Histoire, sans jamais s'y engluer.
- sachant qu'on est entré dans l'ère du terrorisme et du meurtre sauvage aveugle, avec un mélange des genres : bagarres entre les religions des uns et les états des autres, entre Allah et la Démocratie, Bouddha et le communisme…
- sachant que la mondialisation a rapetissé la Terre comme une orange, qu'on est tous à quelques heures de son antipode, et que la planète est en danger de mort par pollution,
- mais sachant aussi que les œuvres artistiques ne sont pas des travaux de journalisme,
- sachant que l'art, dans son essence même, offre une représentation (re-présentation) du monde au travers les yeux d'un artiste et qu'il y a autant de re-présentations que d'artistes,
- sachant que l'art permet à chacun de redécouvrir son univers et l'Univers, voire de re-venir vers ce qui a été trop vite laissé au bord de la route, au profit de la facilité, du profit.
En conséquence :
- Je prône un retour de l'art littéraire comme re-présentation de l'univers, (unis vers l'art)
- Je bannis la fonction journalistique du roman qui marque le roman dans l'époque et lui donne des rides.
- Je veux militer pour le contenu littéraire du livre contre le livre objet de consommation. (j'ai entendu sur France Inter un jour cette réflexion: "précisons tout de même que certains auteurs de livres sont parfois des artistes" !)
- Créons la dichotomie et militons pour le livre d'auteur opposé aux auteurs de livres
- Sortons du piège littérature noire, blanche… Tout crime, toute mort dans un récit n'autorise pas un éditeur à nous épingler un qualificatif réducteur, on peut très bien faire du blanc-noir à rayures. Nous coller d'emblée dans une catégorie, c'est du racisme.
- Si les romans sentimentaux peuvent trouver un public, les tragédies font chier et n'ont survécu jusqu'à nous que les comédies. Or Molière n'est pas forcément drôle sur le fond… C'est à dire qu'il faut être attentif à une forme qui fait passer plaisamment des choses déplaisantes.
- Le mystère, les codes secrets, pourquoi pas ? Mais gardons-nous des scènes faciles, style reconstitution du crime au cinéma.
- Et quid de l'humour ? Ne pas abuser d'un trait qui ne fait parfois jubiler que son auteur, l'humour pour être porteur de sens doit être un humour de situation, non de langage sinon, devenons auteurs de sketches
La pépite de l'orpailleur.
L'art est comme le sexe des anges, ni de droite, ni de gauche.
Être rebelle, c'est contester le livre objet de consommation, se révolter contre le détournement du texte par les marchands de livres, c'est revendiquer l'écriture comme un des beaux-arts, c'est vouloir sortir de l'ornière journalistique, c'est conquérir un lieu de parole.
C'est faire reconnaître par la critique qu'il y a une troisième voie entre le livre conso de masse et les mémoires d'un réfugié cubain, entre l'idéologie de droite et celle de gauche. Et que cette troisième voie n'est pas réservé aux écrivains morts.
La littérature ne doit pas prêcher.
La littérature n'est pas la philosophie.
Si elle parle de l'homme, de son drame existentiel, c'est dans la mise en scène de sa vie. L'écrivain montre les fêlures, la difficulté d'être, les hommes et les femmes en train de se débattre pour trouver un sens à leurs vies, mais il ne détient pas la vérité, il n'illustre pas une pensée toute faite, il ne reconstitue pas le fait divers en romançant un problème de société, car c'est le boulot des journalistes et des historiens.
L'art doit vibrer de la vie, comme un tableau de maître se reconnaît à la vibration de la lumière.
L'écrivain est un modeste orpailleur qui réussit une œuvre si une pépite, même infime, brille dans son texte, qu'un lecteur anonyme portera en lui comme l'amulette du bonheur dans sa vie de merde.
19:56 Écrit par Claudine dans art, les petits secrets de Polycarpe, littérature, style | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
10 juillet 2017
Mon cher Polycarpe..."N°1 des ventes" sur Amazon
Polycarpe dans "Le Crime de River House" (dessin de l'auteur)
Aujourd'hui, 10 juillet 2017,
Polycarpe passe la barre des 1000 € net de redevance ebooks pour le mois en cours.
Et "Le Vieux Logis" est estampillé "N°1 des ventes" sur Amazon ,
suivi des autres Polycarpe dans le peloton de tête: ici
et, cerise sur le gâteau, mon nom apparaît juste derrière Maurice Leblanc dans la liste des auteurs Whodunit :
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- etc.
12:10 Écrit par Claudine dans e-book, littérature, roman policier | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
06 juillet 2017
Article NR du 05.07.2017
08:40 Écrit par Claudine dans interviews, les petits secrets de Polycarpe, littérature, Livre, roman policier, salons et dédicaces | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
31 mai 2017
Dédicace à France-Loisirs samedi 17 juin
Le tableau de Paul Vence, acquis pour une bouchée de pain dans une salle des ventes par un promoteur immobilier au bord de la faillite, est-il authentique ou l’œuvre d’un faussaire ?
Cette découverte fabuleuse a-t-elle un lien quelconque avec les crimes et délits survenus concomitamment dans la banlieue tourangelle ?
Crime organisé ou folie furieuse ?
Le commissaire Tudor a bien du mal à comprendre les sordides motivations des protagonistes dont les apparences sociales sont irréprochables.
“Ma conviction, confie le commissaire Tudor chargé de l’enquête, c’est que la haine d’autrui engendre la folie criminelle et non l’inverse. On aurait tort de croire que les psychopathes sont irresponsables. Ils ne tuent pas parce qu’ils sont fous, ils tuent parce qu’ils détestent les autres. C’est l’absence d’empathie et l’amour exclusif d’eux-mêmes qui les hissent à l’égal de Dieu pour exercer le Jugement Dernier.”
FRANCE-LOISIRS, rue Néricault-Destouches, TOURS
18:12 Écrit par Claudine dans littérature, Loisirs, salons et dédicaces | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
08 mai 2017
Le Chapiteau du Livre
Eh oui ! Polycarpe sera bien au chapiteau du livre
les 20 et 21 mai à Saint-Cyr-sur-Loire
J'espère rencontrer mes chers lectrices et lecteurs
15:17 Écrit par Claudine dans littérature, Livre, publications, roman policier, salons et dédicaces | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
11 avril 2017
Il était pas bien le premier ?
19:20 Écrit par Claudine dans littérature, publications, sens des mots | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
02 mars 2017
La mystérieuse affaire de styles (2)
Comment définir le "style" en littérature ? Il y a-t-il un style spécifique à chaque écrivain ? Le style est-il influencé par l’époque, le milieu, une idéologie ? Y a-t-il une sorte de secret du style qui expliquerait pourquoi certains auteurs sont passés à la postérité quand d’autres, glorifiés de leur vivant, sont tombés dans le puits de l’oubli ?
Le style, c’est la manière employée par l’auteur pour écrire son texte. De sorte que le "style" du texte renvoie à l’auteur. Nous reconnaissons, par exemple, la plume d’un Céline ou d’un Proust, en lisant un extrait de leurs livres. Il s’agit là de styles littéraires sui generis flagrants. Mais tous les textes passés à la postérité ne sont pas écrits de façon aussi clairement identifiables. Il y a des styles d’écriture, aussi resserrés que le code civil, comme l’exprimait Stendhal, qui propulsent les œuvres hors de leur époque grâce à leur sobriété.
Le style est une condition indispensable pour assurer la pérennité d’une œuvre. Nous en avons pour preuve le nombre limité d’émotions humaines qui fournissent la matière de tous les récits depuis Villon, Ronsard jusqu’à Albert Cohen… (amour, ambition, haine, avarice), qui sont traités dans divers genres littéraires (théâtre, polar, SF…), et pourtant, chacune de ces œuvres possède sa musique propre, son charme et ses enseignements, portés par leurs styles.
Ainsi, cette "mystérieuse affaire de style" porte en elle la question de la postérité qui n’est autre que le succès durable d’une œuvre, par opposition à son succès immédiat et fugace.
Le succès d’un roman fraîchement publié coïncide rarement avec un succès durable dans la mesure où ce n’est pas le texte qui est porté au pinacle des médias dès sa publication, mais l’auteur. Admettons qu’un roman contemporain soit célébré "hors sol" (sans affinités de l’auteur avec les cénacles de la culture officielle), il y aura toujours un décalage chronologique avec sa publication, le temps que la renommée soit bâtie par les lecteurs eux-mêmes ; c’est un cas extrêmement jubilatoire pour l’éditeur français ‒ deus ex machina du marché du livre ‒ quand la postérité peut coïncider avec la prospérité.
C’est le génie de l’artiste de créer une œuvre qui colle aux questions que se posent les gens aujourd’hui et qui exprimera toujours leurs états d’âme 50 ou 100 ans plus tard, voire plusieurs siècles, comme Molière : la misanthropie, la tartuferie, le snobisme et la fatuité ont existé et existent encore… ou comme Shakespeare ou encore Tchékhov, etc. Toute la difficulté, c’est-à-dire tout l’art, consiste à exprimer ce que ressent l’homme constamment, aujourd’hui comme demain, dans un style qui lui-même sera pérenne, dégagé des considérations démagogiques de plaire à tout prix.
Voyez Flaubert, voyez Balzac, voyez même Agatha Christie dans un autre genre, un style sobre les préserve de la désuétude et de la ringardise. Un décor daté, tel l’univers balzacien par exemple, ne rend nullement obsolètes les passions, les sentiments, les états d’âme de leurs personnages.
Un certain style peut flatter le snobisme d’une époque (voir mon article sur « la septième fonction du langage ») mais il peut aussi graver l’œuvre dans une certaine intemporalité, dans l’universalité.
Prenons l’exemple des 2 Bazin, le grand-oncle René et le petit-neveu Hervé. L’auteur de Vipère au poing a décrit une relation mère-fils toujours brûlante de vérité quand le grand oncle prônait des valeurs morales bien-pensantes dans ses romans louangés par d’influents contemporains et ignorés aujourd’hui.
Stendhal qui voulait « montrer la vérité, l’âpre vérité » de la société de son temps avait compris le risque en littérature de coller de trop près au goût du jour, optant pour un style aussi nu que le code civil, afin de rester objectif.
Il en de même chez Balzac. Relisez Balzac, relisez Les illusions perdues : dans le décor précisément décrit de son époque, il fait vivre des personnages aux destins éternels, l’ambitieux Lucien qui réussit vite grâce à ses fréquentations dans la presse et le sincère et laborieux David écrabouillé par Lucien… Le lecteur est touché par les aventures de ces personnages. La postérité de l’œuvre de Balzac a surmonté, grâce aux lecteurs, les lamentables critiques de l’époque[1].
Le style de ces écrivains résulte d’un choix, d’une intention de montrer les mœurs de leur temps avec distanciation et un regard critique.
L’écrivain joue avec la palette des figures de styles, de la syntaxe et du vocabulaire pour mettre en valeur des aspects de la société que le lecteur découvrira avec un œil neuf. L’auteur utilise le style, comme Hitchcock utilise la lumière et les ombres dans ses films, pour mettre en évidence les actes et les intentions, le courage ou les faiblesses des êtres humains auxquels le lecteur pourra se référer ensuite dans sa propre existence.
Parmi des pratiques d’écriture qui condamnent un récit au pilon à brève échéance, on peut citer les comparaisons et les métaphores échevelées, le vocabulaire générationnel (veston, bachot), les lieux communs et les images préfabriquées, les reconstitutions historiques cinématographiques, les pastiches, le prétendument pittoresque, l’humour inadapté ou la retranscription évidente d’un texte dicté. Également, ce défaut irrémédiable de dérouler un scénario, d’étoffer un résumé, sans entrer dans le monde parallèle de ses personnages.
Le choix du temps des verbes d’un récit est un procédé de style intentionnel. La plupart des fictions sont écrites au passé simple. Le passé simple relate les aventures des personnages à n’importe quelle époque et l’écrivain est supposé nous raconter une histoire dont il connaît les tenants et les aboutissants, la fin et la morale. C’est une illusion artistique qui installe le lecteur dans le confort et donne une valeur de témoignage au roman.
Dans L’étranger de Camus, toutes les actions du narrateur sont écrites au passé composé, ce qui introduit une distance entre le narrateur et les faits qu’il relate, il n’est pas concerné, comme un psychopathe dénué d’empathie. Cette tournure grammaticale donne la clé de la fiction.
Comme œuvre écrite au présent, j’ai l’exemple de mon propre roman, le 7ème opus de Polycarpe.
Tous les autres romans de la série sont au passé simple et celui-là, non. J’ai choisi ce temps pour bien marquer la différence entre ce que vivent mes personnages récurrents dans le présent et ce que d’autres personnages ont vécu de traumatisant dans le passé. J’écris comme Hergé dessinait, délimitant clairement les éléments de ses dessins, je cerne mes personnages par des traits simples et caractéristiques, et j’ai besoin de cette netteté pour mettre en évidence les premiers plans et les seconds plans… L’imparfait et le présent délimitent ainsi clairement dans mon roman le récit des souvenirs dans la fiction. Et pour achever le triptyque chronologique, j’annonce en dernière partie le future heureux qui attend la fille brimée de la famille Torchepot…
Les détails du style liés à la ponctuation (le point-virgule), à l’utilisation de certains mots inusités (bobèche), à l’emploi de la préposition "pour" (qui présuppose sans raison l’intention d’un personnage), de même que la nécessité de varier les débuts de paragraphe et d’intervertir les sujets et les compléments circonstanciels, feront peut-être l’objet, si j’ai le temps, d’un abécédaire… l’abécédaire des Polycarpe…
D’une façon générale, un début de roman ou quelques pages prises au hasard, donnent un échantillon du style de l’écrivain, comme la fleurette du chou-fleur est une projection du chou-fleur entier, à l’image d’une fractale.
Le roman est ainsi un objet fractal : le tout est semblable à une de ses parties.
[1] « Ce livre, dans lequel on n'entre que comme dans un égout, ce livre tout plein de descriptions fétides, ce livre dégoûtant et cynique, est tout simplement une vengeance de M. de Balzac contre la presse. », et sous la plume de Jules Janin : « Jamais en effet, et à aucune époque de son talent, la pensée de M. de Balzac n'a été plus diffuse, jamais son invention n'a été plus languissante, jamais son style n'a été plus incorrect... ». La publication d'Un grand homme redouble les attaques portées à Balzac par la presse et plus particulièrement par les petits journaux, critiques qui vont ternir durablement la réputation de Balzac. Les Illusions perdues, que Balzac considérait comme « l'œuvre capitale dans l'œuvre », sera peu réédité dans la seconde moitié du siècle.
18:17 Écrit par Claudine dans bibliothèques, médiathèques, langue, langage, littérature, publications, sens des mots, style | Lien permanent | Commentaires (2) | Facebook | | Imprimer | |
20 février 2017
La mystérieuse affaire de styles
Litt’ikea ou La mystérieuse affaire de styles (1)
Parmi les best-sellers, nous trouvons des fictions réalisées selon des méthodes conçues pour produire des émotions et l’irrésistible envie de tourner la page.
Je propose de nommer "litt’ikea" cette littérature de genre désormais décomplexée, contraction de "littérature" avec "Ikea" sur le modèle de "Chick lit" (romans pour les poulettes) ou de la "pop lit’" (récits inspirés des people).
La "litt’ikea" désigne ces romans qui ont les caractéristiques des marchandises distribuées par les magasins suédois : appréciés de toutes les strates de la population (du peuple aux élites), au goût du jour, parfois inspirés des styles anciens sans la qualité du savoir-faire artisanal, faciles à lire et à monter soi-même ("page-turner").
La litt’ikea est sous-tendue par une fine connaissance du cerveau humain et de ses réactions reptiliennes. Nous sommes en effet auto-manipulés par nos propres émotions, nos hormones, nos manques, nos désirs, nos peurs et nos déprimes, et les éditeurs qui promeuvent ce type de littérature ont compris que nous sommes prêts à payer assez cher pour nous immerger dans un récit qui touche nos cordes sensibles, quasi addictes, sans être regardant sur la qualité.
Notre quotient émotionnel prend le pas sur notre éventuelle exigence de style pour satisfaire notre besoin de fiction, nous identifier aux personnages et avancer dans la lecture, en suivant avec délice le labyrinthe du scénario, à l’image du dédale qui relie les expositions tentatrices Ikea. Par ailleurs, nous gravissons les degrés du suspens, comme nous grimpons une colline, que notre curiosité rend "facile à monter" pour découvrir le paysage qui s’étend au-delà.
Au début du phénomène, la litt’ikea s’est formée sur le tas, de façon pragmatique. Découvrant que certains bouquins, les "page-turner", s’arrachaient comme des petits pains et confortaient leur chiffre d’affaires, le monde de l’édition s’est mis en quête d’auteurs doués pour la produire, comme Ikea fait fabriquer ses meubles par des sous-traitants.
Ces "auteurs sous-traitants" pondent des pavés au dictaphone, qu’ils couchent parfois eux-mêmes sur le papier mais confient le plus souvent à des rédacteurs-nègres attachés aux maisons d’édition ‒ ce qui les place ces auteurs (et non plus écrivains) dans une tradition orale.
Technologie oblige, pléthore de petits malins jouant aux apprentis éditeurs, misent sur les talents d’inconnus, comme on parie à la loterie, en espérant qu’un fondu d’écriture assez niais pour se laisser piéger ponde un best-seller à leur profit. Les sites dits "d’autoédition" ont fleuri, prêts à empocher la mise. Et pour justifier leur rôle d’intermédiaire inutile dans l’autoédition, il jouent la carte de conseils en écriture, encourageant les auteurs en herbe à écrire ce qui "marche", ce qui se "vend le mieux", à produire de la litt’ikea.
Le site « Envie d’écrire » explique comment écrire un best-seller :
Si vous décidez d’écrire un best-seller, voici quelques éléments sur lesquels vous avez tout intérêt à vous concentrer :
Essayez d’utiliser beaucoup plus de personnages que la normale (environ 30% de plus par roman).
Essayez de vous concentrer davantage sur vos personnages et leurs actions
Essayez d’utiliser plus de dialogues, environ 50% de plus que vous le feriez normalement.
Essayez de vous concentrer sur les thèmes suivants :
– Police et loi (enquêter, fusil, tuer, fusiller, dossier, avocat, témoignage)
– Technologie (téléphone, photo, téléphone portable, SMS, programme, scan, appareil photo, écran…)
– Mots exprimant un conflit (problème, défi)
– Expressions faciales (hochement de tête, froncement de sourcils, soupir, sourire, clignotement)
– Les actions simples (saisir, déchirer, étouffer, sonner, trembler, écraser, tirer, obtenir)
– Des adverbe exprimant une grande certitude (absolument, totalement, surtout)
– Des curiosités : joli, café, douches, porches
Et voilà ce qu’il faut éviter si vous voulez que votre roman soit un best-seller :
Essayez d’éviter d’utiliser des phrases de plus de 11 mots en moyenne.
Essayez d’éviter de trop souligner les mots renvoyant à des choses au lieu des noms propres renvoyant aux personnages. (oubliez complètement les abstractions).
Essayez également d’éviter d’utiliser des mots autour des conjonctions.
Certains des modèles grammaticaux les plus populaires de la littérature sérieuse impliquent des noms, des adjectifs, des prépositions et des déterminants (comme tous, quelques-uns, ceci).
Essayez également d’éviter notamment les thèmes suivants :
Émotions complexes (honte, pleurs, pitié, abandon)
Nostalgie (enfants, enfance, mères, pères)
Nature (mer, hiver, arbres, désert, branches, montagnes, printemps, nuages)
Imagination (faire semblant, imaginer, rêver)
Mais le style littéraire, dans tout ça ?
Ce sera le sujet du deuxième volet de cette chronique : « La mystérieuse affaire de Styles ». J’emprunte à Agatha Christie ce titre qui, en français, donne un véritable jeu de mot, tandis qu’il devrait se traduire littéralement par « La mystérieuse affaire à Styles », Styles étant un lieu.
Dans ce titre français du premier roman écrit par la reine du crime en 1917 (publié aux Etats-Unis en 1920, en Angleterre en 1921 et en France en 1932) socle initial de toute sa production littéraire, j’aime le glissement sémantique qui le rend symbolique de son œuvre, évoquant ce qui est impalpable, ardu à définir, mais nécessaire et indispensable à la pérennité d’une œuvre : son style.
16:24 Écrit par Claudine dans langue, langage, les petits secrets de Polycarpe, littérature, Livre, roman policier | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
04 décembre 2016
Château de Saché, hier.
Quand les descriptions de Balzac deviennent de vrais décors...
On ne s'en lasse pas, cher Balzac !
18:23 Écrit par Claudine dans littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
21 novembre 2016
les dessins de Van Gogh et le coup éditorial du seuil, suite...
Tiens, comme c'est bizarre ! Suite du post précédent...
Lu dans Livre Hebdo : "Le musée néerlandais dédié au célèbre peintre impressionniste juge que les dessins publiés par Le Seuil sont des faux."
Évidemment que c'est un "coup" éditorial ! Je suis toujours extrêmement surprise du déni d'imposture répandu dans la population qui se bouche les yeux comme le vieil homme de Van Gogh.
Idem pour écrivains prétendument auteurs d'un livre par mois... durant trente ans ! Qui peut croire ça ? Alice au pays des merveilles, peut-être ?
La pensée magique, le désir de contes résiste à la logique et au raisonnement ; Finalement, c'est un peu ça que je démontre dans mes "Polycarpe" : mon cher Poly ne peut s'empêcher de dénoncer le déni d’imposture, qui est l'alibi du crime.
* * *
Suite de l'enquête, article trouvé dans Livre hebdo aujourd'hui 7 décembre:
"le musée liste plusieurs points factuels concernant l'encre utilisée, la technique, le style, la provenance et la fiabilité du carnet. Concernant l'encre utilisée, le musée fait par exemple remarquer qu'elle est marron, alors que Van Gogh utilisait surtout une encre noire, mais décolorée avec le temps, ainsi qu'il peut être constaté sur les dessins authentifiés, ce que l'auteur du carnet aurait voulu reproduire en ignorant cette particularité. Le musée relève aussi des erreurs topographiques, s'interroge sur la reconstitution de la chronologie des dessins, et met en doute l'authenticité d'un carnet de notes utilisé pour retracer l'origine des dessins."
10:02 Écrit par Claudine dans art, bizarreries, Ce qui ne me plaît pas, contes et légendes, copyright, littérature, Livre, sens des mots | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
08 novembre 2016
Polar sur Loire : Razzia sur les Polycarpe...
Un salon réussi, beaucoup de monde, beaucoup de livres vendus, ambiance chaleureuse.
On recommencera !
avant l'ouverture...
et pendant...
En post cast, tous les interviews d'auteurs sur le site de Radio Active :
http://radioactivefm.fr/emissions/article/polar-sur-loire
10:32 Écrit par Claudine dans association, littérature, Livre, roman policier, salons et dédicaces | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
02 novembre 2016
Interview à propos du salon Polar sur Loire, par Dorothée
17:36 Écrit par Claudine dans littérature, roman policier, salons et dédicaces | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
27 septembre 2016
Papier ou numérique ?
Livre papier ou livre numérique, ça se discute pas, ça coexiste, ça répond à des attentes différentes.
Mais de mon point de vue de romancière rétive (à la chaîne du livre qui enchaîne l’auteur), le numérique c’est la LIBERTÉ ! Une super putain de liberté !
L’écrivain de talent qui n’a pas la carte de journaliste, pas de parent dans l’édition ou dans la politique, c’est cuit pour lui… enfin, c’était, au grand dam d’Editor qui n’a plus le pouvoir totalitaire de fabriquer sa Créature, de la manipuler et de la lobotomiser.
Ce petit coup de patte au passage, juste pour le plaisir, juste pour dire que tous mes livres, refusés par les putains de distributeurs et les putains de libraires (exception : Cultura qui les a référencés) se vendent comme des petits pains sur les sites en ligne au prix maxi de 6,99 €… principalement sur Amazon et Kobo en e-pub...
18:13 Écrit par Claudine dans e-book, littérature, Livre, publications, roman policier | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
19 septembre 2016
"Polycarpe, La Parenté des Hannetons" (vol.7)
Le septième Polycarpe, encore sous presse, va sortir ces jours-ci en format papier ; d'ores et déjà disponible en e-book depuis hier soir sur un site bien connu et… déjà des exemplaires vendus ! Super !
Pour les amis de Polycarpe, quelques indiscrétions…
L’épigraphe :
Dans la frange impolie du XVIIe siècle,
parmi les bateleurs du Pont-Neuf,
on parlait de la parenté des hannetons,
pour "des gens qui commettent adultère
ou inceste : gens qui couchent ensemble
et se disent parents"
Claude Duneton
Au plaisir des mots,
Denoël, 2005
Le quatrième de couve :
En réglant le billet de train d’une pauvre femme attifée comme une clocharde, envers laquelle il éprouve une empathie instinctive, Polycarpe est loin de se douter des conséquences de cet acte de générosité. La disparition de la femme du train et la mort prétendument accidentelle de son frère intriguent Polycarpe qui mène sa septième enquête.
Avec Imogène, toujours férue de psychanalyse et qui sait décrypter les « synchronicités » mises en évidence par Jung, révélatrices de non-dit et d’oubli, ils exhumeront les terribles secrets d’une famille unie au-dessus de tout soupçon.
Ce nouveau « psycho polar » polycarpien contient tous les ingrédients du roman policier cosy : l’ambiance, les petites habitudes villageoises, l’humour, le sentiment de vivre aux côtés des personnages comme dans la vraie vie et, pour la plus grande satisfaction du lecteur, le triomphe du Bien sur le Mal.
Je le dédicacerai à POLAR SUR LOIRE le 5 novembre !
16:00 Écrit par Claudine dans les petits secrets de Polycarpe, littérature, publications, roman policier | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
28 août 2016
Dans la rubrique « Je m’insurge »…
Cette habitude des Offices de tourisme de fournir aux touristes et curieux locaux des publicités pour les gites, chambres d’hôtes, caves et dégustations, galeries de peintures, restaurants, cours de langues, vols en montgolfière, descente de rivière en canoë, etc…
Qui qui manque dans cette liste ? Les romanciers ! Ben dame ! Les écrivains locaux.
On organise des parcours culturels bon chic bon genre émaillés de lectures d’œuvres… d’écrivains morts. Ce ne serait pas difficile de signaler que dans cette jolie ville pleine de choses à voir et à manger, des écrivains contemporains vivent quelque part dans la cité et que leurs livres sont à la bibliothèque et en vente à la librairie du coin.
C’est tout, c’est simple, ça ne fait de mal à personne, à moins que ça réveille un désir pas très propret de maltraiter ceux qu’on envie et ne peut égaler… Je dis ça, je dis rien.
19:27 Écrit par Claudine dans art, bibliothèques, médiathèques, Ce qui ne me plaît pas, littérature | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
25 mars 2016
Invitée de "Art et poésie de Touraine"
La prestigieuse association le Vendredi 1er Avril 2016 |
L'occasion de sortir de derrière les fagots cette poésie de 25 ans d'âge vieillie en nos chais
L’ENFANT
Sous le grand ciel au bas de la colline
Il voit la maison, toute petite, posée dans son jardin.
Il a l’impression - il espère - que la porte est ouverte.
L’enfant bouge dans le soleil le morceau de métal qu’il a poli
Il a tant marché, tant pleuré
Que ses jambes lui font mal dans son cœur.
Le reflet du ciel sur les vitres cache la femme qui regarde
Depuis mille ans les collines, le grand ciel et le chemin.
Une tache vacille comme un mirage au loin.
Elle a tant regardé, tant pleuré
Que ses yeux lui font mal dans son ventre.
Et le reflet fulgurant arrête le cœur de la femme.
Elle mourra si ce n’est pas lui.
Elle ouvre la porte, se tient debout, immobile.
Elle attend son enfant, ou la mort.
Il voit s’ouvrir la porte sur un rectangle d’ombre
Et tout à coup, c’est elle.
Alors, ses jambes se mettent à courir.
Il faut tenir, tenir
Jusque là-bas, jusqu’aux bras qui se tendent vers lui,
Vers elle qui hésite encore, tant de fois trahie par des mirages
Et qui fait un pas, s’élance…
Brusquement ils se heurtent, s’étreignent,
Elle l’enveloppe, ma beauté, mon amour, dit-elle.
Il serre sa taille, il s’enfouit dans son odeur de mère.
L’odeur de son garçon, de fer, de sciure, d’herbe et de poussière
L’inonde, calme mille ans d’attente.
La terre et le ciel basculent, et la maison et les arbres.
Tu es là enfin, ô mon fils aimé.
Mes jambes, Maman, me font si mal.
Et mes yeux, mon fils, me brûlent.
Elle le touche, elle effleure ses joues de soie,
Son si petit nez, ses oreilles si bizarres.
Elle rit, elle pleure. Tes petites oreilles si bizarres, dit-elle.
Il est sans force, sans pleurs, sans rires, il est contre elle.
Il serre dans son poing le petit bout de métal poli.
Elle berce l’enfant qui sourit,
Qui s'endort.
Sa gorge chante comme l’eau roule les graviers
Comme le vent dans les feuillages.
Elle voudrait que dure à l'infini ce moment arrêté.
10:49 Écrit par Claudine dans art, association, langue, langage, littérature, salons et dédicaces | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
29 décembre 2015
POLYCARPE, saint martyr de l’ANTI-BÊTISE (selon Flaubert)
L’auteur de « L’Éducation sentimentale » s’identifie à Polycarpe, évêque de Smyrne, dans les années 100 ap. J.C. mort en martyr de la stupidité des hommes. Flaubert signe nombre de ses lettres : « Polycarpe ».
« La découverte de la parenté spirituelle avec saint Polycarpe date de l’adolescence de Flaubert. Ce saint fit partie des surnoms que ses amis lui attribuèrent, et Flaubert le conserva toute sa vie, comme en témoignent ses signatures. C’est par dizaines d’exemplaires qu’on le trouve dans sa correspondance.
Au point que ses amis organisent pour distraire l’écrivain souvent déprimé une sorte de « dîner de con » le jour de la saint Polycarpe, pour lequel Maupassant rédige la lettre du "cochon de St Antoine" (où le cochon demande la protection de St Polycarpe)… C'est à qui fêtera de la façon la plus digne et la moins recueillie le patron de l’anti-bêtise : déguisements, fleurs, discours versifiés, Champagne, cadeaux, rien ne manque. Le menu est même composé d'après les œuvres de Flaubert. Si ces festivités permettent, d'une façon burlesque, d'évoquer saint Polycarpe, c'est que Flaubert l'invoque toujours devant le spectacle de la bêtise.
Extraits de l’article de Michel Adam,
Bulletin de l'Association Guillaume Budé
Année 1972 Volume 1
Si je regrette d’avoir ignoré cette facette biographique de mon écrivain fétiche quand j’ai conçu ma série des « Polycarpe », je suis encore abasourdie par la synchronicité de cette découverte.
[Synchronicité : « coïncidence temporelle de deux ou plusieurs événements sans lien causal entre eux et possédant un sens identique ou analogue». Selon Jung, les phénomènes synchronistiques se comportent comme des hasards gorgés de sens. Ils sont caractérisés par la coïncidence porteuse d’une signification.]
Toutes proportions gardées, comme madame Bovary est un peu Flaubert, Polycarpe est un peu moi, dans ce que mon personnage central exprime ma détestation de la pensée unique, conformiste, de ceux qui se croient originaux, pertinents et supérieurs ‒ en un mot : bêtes ! D’où le caractère bougon, colérique, de "mon" Polycarpe, pas toujours à prendre avec des pincettes, comme l’était d’ailleurs Gustave Flaubert, que George Sand appelait son « ours ».
20:04 Écrit par Claudine dans confidences, insolite, littérature, sens des mots | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
27 décembre 2015
Ventes numériques des Polycarpe : super !!!
Commentaires de mon distributeur : "c’est un vrai succès !"
(Prix de vente : 7 €)
Relevé des ventes numériques* pour les Polycarpe, depuis mai 2015 :
Polycarpe - Le vieux logis : 848 ventes
Polycarpe - Le pigeon noir : 138 ventes
Polycarpe - Le nègre en chemise : 112 ventes
Polycarpe - Le nombre d'or : 100 ventes
Polycarpe - Le crime de River House : 97 ventes
Polycarpe - Cœur de bœuf : 87 ventes
(les lecteurs remontent progressivement la série)
*Cela n’inclut pas les ventes de novembre sur Amazon et Kobo/Fnac,
ni les ventes de décembre sur Apple, Amazon et Kobo/Fnac.
19:43 Écrit par Claudine dans bibliothèques, médiathèques, e-book, littérature, Livre, publications, roman policier | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
17 décembre 2015
Critique d'un booktubeur...
15:01 Écrit par Claudine dans bizarreries, confidences, discussion, interviews, littérature, publications, roman policier, salons et dédicaces | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
03 décembre 2015
Tout frais sorti de l'imprimerie :"Un jour en été", Tutti Quanti 2015, 16 €
Extrait 1 :
Quelle idée, aussi, de revenir, si longtemps après. Qu’espérait-il ? Découvrir que rien n’a changé ? Qu’il a rêvé ce qui est arrivé ? Qu’il pourrait faire comme si rien ne s’était passé, sauf du temps ? Du temps qui, en passant, aurait effacé toute cette histoire. ? Ou bien a-t-il été conduit malgré lui, n’espérant rien ?
Il n’arrive pas à décider s’il va monter dès cet après-midi au mas ou dormir la nuit sous le frêne. Il est terrifié à l’idée de revoir sa mère. Le reconnaîtra-t-elle seulement, si changé, remodelé par le désespoir ? Il aurait dû la prévenir. Il ne peut décemment pas arriver comme ça et dire : « c’est moi, Steph », comme s’il vivait auprès d’eux, au mas, depuis toujours.
Combien de fois pourtant a-t-il imaginé ce retour ? Sans jamais penser qu’au dernier moment il calerait, les tripes nouées.
Il manque d’air et le bruit de l’eau s’amplifie, résonne dans sa tête, l’empêche de penser. Il retourne s’asseoir dans l’ombre du frêne. Par une trouée du feuillage, il fixe le ciel dont l’éclat brûle ses paupières.
Pourtant il avait si bien réussi à se convaincre avec le temps qu’elle ne pensait pas tout à fait ce qu’elle avait crié dans la douleur, qu’elle le regrettait au fond d’elle-même, qu’elle l’avait trop aimé pour le maudire à jamais. Maintenant, il n’est plus sûr.
Il veut lui dire que pour Robin, ce n’est pas sa faute. Que c’est l’Autre. Celui que Lucilia appelait Roulio.
Extrait 2 :
La dame rose a l'air d'une jolie carafe à long col fermée d'un bouchon à facettes. Sa poitrine fait une parabole évasée des épaules à sa taille menue et rigide. Elle porte une guimpe blanche à col montant dont la broderie fronce sous le menton en forme de coupe. Des mèches claires virevoltent autour de son front et de ses oreilles à lobes longs. Ses cheveux sont coiffés en rouleaux gonflants. Elle émet un demi-sourire en feuille de saule et ses yeux ronds brillent d’un double point de lumière, entre des paupières enfantines et plissées.
Il y a de la fraîcheur dans ce portrait colorié mais un petit quelque chose – l'arrondi de la poitrine, la guimpe, le tombant des épaules ? – investit la jeunesse du modèle d’une maturité surannée. Elle est assise légèrement de biais devant un écran bleu, traversé de brumes factices, qui forme maintenant un fond brouillé qu'entame un disque de moisi. Aucune souffrance n’altère l’expression du regard qui se résigne, avec impudence, au bonheur.
10:23 Écrit par Claudine dans bibliothèques, médiathèques, littérature, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
19 novembre 2015
"Polycarpe, Le Vieux Logis" : e-book à 0,99 €
NOUVELLE OFFRE ECLAIR AMAZON
du 25 au 5 janvier inclus
EUR 0,99
Réservée aux meilleures ventes 2015
Polycarpe - Le vieux logis (Format numérique)
par Claudine Chollet
Lien vers les 13 commentaires [authentiques et non de complaisance ;-)] : ICI
Un des commentaires : « Quelques heures de pur bonheur, quel homme charmant ce Polycarpe, j'ai eu beaucoup de plaisir en m'invitant chez lui et aussi de faire la connaissance avec tous ses amis dans ce charmant village de Provence. Merci Claudine Chollet pour ce délicieux roman. »
5,0 sur 5 étoiles
Parliliponpon
le 19 septembre 2015
Achat vérifié
15:11 Écrit par Claudine dans e-book, littérature, Livre, Loisirs, publications, roman policier | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
14 novembre 2015
Nouvelle impression et nouveau format de POLYCARPE
Et, pour commencer, le 3ème volume, en rupture de stock...
Vous trouverez un "Avant-propos de l’auteur" :
Ce troisième volume de la série des Polycarpe est le seul à afficher des lettrines au commencement de chaque chapitre.
Cette fantaisie typographique constitue un indice dans cette fiction : les initiales majuscules des chapitres mises bout à bout dévoilent en effet une phrase-mystère.
Mais quand bien même vous déchiffreriez cette phrase, elle ne dévoilera son secret qu’à la toute fin du livre, je ne vais quand même pas vous priver du délicieux frisson du suspense.
Ce procédé, par ailleurs enchâssé dans l’enquête, met notre cher Polycarpe sur la piste du criminel.
La construction en abyme de cette fiction n’a d’autre objectif que de vous intriguer en lui conférant du relief : un nègre littéraire écrit Le Nègre en chemise (le roman dans le roman que vous allez lire) au profit de l’auteure officielle, en gloire sur les plateaux télé ‒ miroir de la réalité.
Amies lectrices, chers lecteurs, cette affaire de lettrines n’est qu’un artifice ludique parmi d’autres techniques romanesques, dans cette comédie policière whodunit qui porte sur nous autres humains un regard un tantinet sarcastique.
Croyez-moi, ce Polycarpe va vous distraire.
14:29 Écrit par Claudine dans bibliothèques, médiathèques, copyright, insolite, littérature, Livre, roman policier, sens des mots | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
18 octobre 2015
En cette période de prix littéraires, c’est l’occasion d’une brève de blog…
Depuis cette rentrée, je ne peux plus regarder la Grande Librairie, sur la 5. On retrouve les mêmes auteurs bankables, je me suis fait avoir en achetant le dernier Nothomb et la septième fonction du langage de Binet (voir mon post du 25 septembre « dérivation illocutoire »). En revanche, mon libraire ne s’est pas fait avoir, lui.
À toutes les époques la littérature a eu ses imposteurs : l’imposture vient de ce que le marché du livre prétend faire commerce de littérature, quand il ne s’agit que de produits à la mode et périssables. Parfois plaisants à lire, j’en conviens, quoique vite oubliés. Des marchands, des idéologues et des snobs s’enrichissent d’un système éditorial et journalistique qui gère les livres comme un produit frais à jeter avant le prochain arrivage.
Depuis toujours, les vrais romanciers ont dû se démarquer de la contrefaçon littéraire, persévérer et s’accrocher malgré le mépris des précédents. Portés par l’évidence de leur vocation et le dessein ambitieux de représenter notre Humanité à la fois piteuse et grandiose, ils ont laissé nombres préfaces et bien des prolégomènes révélateurs de leurs batailles pour surmonter les critiques péjoratives de leurs contemporains ou pire, l’oubli et la transparence dans lesquels ils étaient tenus.
Préfaces célèbres en suivant ce lien :
18:51 Écrit par Claudine dans Ce qui ne me plaît pas, discussion, littérature, Livre, publications | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
08 octobre 2015
Offre "éclair" Amazon du "Vieux Logis" numérique le 23 août > :-D !
Le titre en promo a cartonné, mais le format classique aussi et les autres titres sont également boostés...
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10:48 Écrit par Claudine dans e-book, littérature, roman policier | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |