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LES PETITS SECRETS DE POLYCARPE (2)

Deviner ce que les gens masquent derrière les apparences rend la vie très amusante et nourrit des intrigues divertissantes.
L’objectif que je m’étais fixé, en démarrant la série, consistait à :
- plonger le lecteur dans une atmosphère surtout pas tristounette (je voulais écrire le livre que qu’on a tous aimé lire en vacances, l’été sous un arbre, dans un pré, sur un perron, dans le silence grésillant de la canicule… qui vous transporte ailleurs pour quelques heures et dont on se rappelle toute une vie !
- croquer un panel de « types » humains identifiables (à jamais fascinée par la pertinence des « Caractères » de La Bruyère et par les personnages inoubliables (Frédéric Moreau, Rastignac, Julien Sorel, de Flaubert, Balzac et Stendhal)
- écrire les scènes selon un angle de vue délibéré, ce qui emprunte au cinéma, révèle la « patte » du romancier, apanage de l’art littéraire.
Des cadavres dans les placards, des secrets, des impostures, des fausses identités, des mystères ésotériques… ce sont ces petites douceurs (que savourent les écrivains de romans policiers non sanguinaires depuis le début du XXème siècle) qui servent des intrigues conçues comme le fil rouge des romans, autour duquel se tricotent des vies, autant précieuses que dérisoires, de personnes comme nous tous.
Le trait appuyé est une dimension importante des « Polycarpe » : les gens sont épinglés dans leurs travers, on traite des modestes réussites comme des grandes victoires, les enterrements sont des obsèques quasi nationales… tout ce qui se passe est soit monté en épingle, soit rapetissé, toujours décalé par rapport au réel.
C’est ici qu’on retrouve ma préoccupation du point de vue, l’angle sous lequel on voit les scènes, est capital pour créer l’ambiance dont je parlais et la connivence avec le lecteur.
Ex : Dans « Le Pigeon noir », à l’enterrement dans le cimetière, je décris les personne depuis l’intérieur de la tombe, le bruit des pas sur les graviers est disproportionné, l’ex-voto apporté dans un carton à pizza représente une scène de tango, etc.
Comme dans un film, j’essaie de décrire les scènes en plan général, panoramique ou je zoome. Cela donne du champ, de la profondeur.
Croquer des types humains s’avérait une question plus délicate ayant fait le pari (avec moi-même) de faire découvrir les personnages au lecteur comme on découvre nos contemporains dans la vraie vie, sans savoir ce qu’ils pensent car on n’est pas dans leurs têtes, en se fiant à leurs gestuelles, à la tonalité de leurs voix, à leurs expressions ‒ très significatives pour qui sait voir. Je voulais aussi faire passer l’idée que nous avons plusieurs facettes dans la vie, principalement publique et privée.
Ma rencontre avec le véritable instituteur-cafetier de Crissay-sur-Manse (devenu Basile Bot dans la série) a été décisive : comme lui, mes personnages principaux exerceraient au minimum deux activités, la profession officielle et un hobby, symbolisant ainsi la dualité entre vie publique et vie privée. L’invention de ces « doubles casquettes » (marchande de miel/psychologue, assistante maternelle/artiste peintre, vétérinaire/bricoleur, homosexuelle athée/chanteuse de gospel, etc.) permet en outre toutes les combinaisons selon les nécessités de l’intrigue.
A suivre…

Écrit par Claudine Lien permanent | Commentaires (0)

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