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Place du Palais, feuilleton, épisode n°1

  Je m’appelle Pénélope Forest, j’ai trente-quatre ans et je suis, depuis peu, à nouveau célibataire. Je bosse au Musée des beaux-arts de Tours et j’habite quartier Velpeau. Cette rentrée, j’ai décidé de tenir un journal. Ça fait très longtemps que j’ai envie d’écrire et, ce journal, c’est l’occasion de mettre à plat ma petite existence foireuse, de faire le point sur mes échecs sentimentaux à répétitions dans l’espoir d’y voir un peu plus clair. Mes meilleures amies (Armelle et Romane dont je reparlerai forcément) me l’ont vivement conseillé. Elles-mêmes ont eu recours à l’écriture quand ça allait mal pour elles, c’est une excellente méthode pour prendre du champ, m’ont-elles dit...
 
 Écrire mon journal, ce sera aussi une façon de combler quelques trop longues soirées en tête à tête avec moi-même ainsi que les moments creux au boulot, hors expos temporaires, quand on a trois pelés et quatre tondus qui viennent juste pour tuer le temps en attendant un rendez-vous. Il y a des jours comme ça, quasi sans public. Petite précision : je tiens le guichet et je vends les cartes postales ou les reproductions, j’aide aussi à la mise en place des grandes expos. Mon travail est dans l’ensemble intéressant, on voit de belles choses. Parfois les visiteurs s’adressent à nous, à moi ou ma collègue, ils nous font partager leurs impressions et, sauf exception, on a des échanges sympathiques. Mais les jours sans visiteurs, le grand hall vide résonne de tristesse, les circonvolutions de l’escalier me font penser aux films d’Hitchcock et j’ai l’impression que des fantômes s’extraient des chefs-d’œuvre exposés et rodent dans les étages...
 
Un mot sur mon physique. Pour être sincère, je me trouve moche avec du charme, vous avouerez que c’est paradoxal ! C’est difficile à expliquer, je suis complexée et pourtant je n’aimerais pas être dans la peau d’une autre ! Je ne suis pas jolie (disons que je suis plus du genre Agrippine de Bretécher que du genre Cécile de France dont, entre nous, j’adore le sourire) et pourtant, je sais que je plais, les mecs me regardent d’une certaine façon... Mais j’aurai d’autres occasions de compléter le portrait de cette fille – pas glamour avec quelque chose d’attirant quand même – que j’aperçois tous les jours dans ma glace.
 
Je suis d’accord avec ceux qui aiment bien mon prénom, mais je ne remercie pas mes parents de l’avoir choisi à cause du mythe qui me colle à la peau : la nana qui brode le jour et débrode la nuit en attendant l’heureux élu, son Ulysse... Entre nous, c’est un peu mon cas, puisque l’heureux élu existe quelque part au-delà des mers, sans même savoir d’ailleurs qu’il est l’heureux élu ; c’est un peu compliqué et il faudra que je désemmêle les fils... On peut se demander si on est pas complètement déterminé par son prénom.
 
Le physique, le prénom... Ça, c’est fait.
 
Maintenant, vous dire qui je suis, exactement... On me trouve « sympa », « nature »... Je dois reconnaître que je ne me ferais pas couper la tête, ni même une phalange d’un doigt, pour mes idées ; ce sont plus des tendances que des opinions et je suis plus sympathisante qu’engagée.
 
J’ai une formule choc qui me résume bien : écolo-cyclo-marché bio-sac à dos ! Vous voyez le style ?

  A suivre...

Écrit par Claudine Lien permanent | Commentaires (0)

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