Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LES PETITS SECRETS DE POLYCARPE (7)

L’amanite que je mélange à la fricassée de cèpes


Pour en revenir aux sous-textes, dans les Polycarpe.
Imaginez un gros poêle à bois, vous enfournez régulièrement des bûches qui s’enflamment, au contact des braises, dans un foyer brûlant comme l’enfer, afin qu’il diffuse une bonne chaleur confortable. Eh bien, c’est ça, pour moi, écrire… Les colères qui brûlent en moi alimentent une œuvre positive pour procurer un bon moment de lecture ‒ du moins est-ce l’objectif.
Ce qu’on ne soupçonne peut-être pas à la lecture des Polycarpe, c’est cette révolte, parfois la rage que les comportements injustes, indignes, les petits arrangements, les gros mensonges et la violence provoquent en moi et ont provoqué dans ma vie.
Derrière chaque volume il y a cette motivation colérique bien particulière, qui aiguillonne l’intrigue, mot après mot, page après page. Ainsi, dans Le Vieux Logis, j’ai créé mon petit cénacle d’amis intelligents et anticonformistes, tant j’étais révoltée par la stupidité. Le Pigeon noir dénonce les secrets de famille qui nous étouffent. Le Nègre en chemise accuse l’imposture littéraire dont je ne suis pas la seule victime collatérale. Le Nombre d’or met en scène des adultes irresponsables et coupables. Le Crime de River House tisse le roman autour de la privation d’amour et de la cupidité, thème loin d’être épuisé et qui sous-tend également Cœur de Bœuf. Dans le septième Polycarpe, les familles incestuelles seront sur le gril…
Évidemment, je brouille les pistes, j’inclus ces thèmes parmi d’autres dans mes récits, j’ai l’air de les utiliser pour faire diversion, alors qu’ils en constituent le socle.
C’est un peu l’amanite que je mélange à la fricassée de cèpes pour que le poison passe inaperçu… L’atmosphère cool des Polycarpe, c’est exactement l’antidote dont j’ai besoin pour contrecarre le poison de mes colères, et c’est pourquoi je ne pourrais jamais écrire des romans vraiment noirs ou des polars saignants.

Écrit par Claudine Lien permanent | Commentaires (0)

Les commentaires sont fermés.