31 mars 2006
Les aventures de Polycarpe - 16ème épisode
LE VIEUX LOGIS
chapitre XVI
Enfin arrive le fameux jour du concours de pêche...
Il n’était pas sept heures, le lendemain matin, quand il entendit les beuglements insistants d’un klaxon depuis la rue. Il avait déjà fait sa toilette et boutonnait sa chemisette, au premier étage dans sa chambre.En dépit de rebutants tortillons bleu violet qui ornaient le papier peint des murs et un carrelage de tomettes ripolinées en rouge vif, il avait choisi cette chambre, désaffectée depuis la Saint-glinglin, pour sa grande fenêtre donnant sur le jardin et sa cheminée qu’il pourrait équiper d’un poêle le moment venu. Il l’avait préférée à celle de l’ancien propriétaire, ouvrant sur la place, et à celle du rez-de-chaussée qu’avait occupée Ulysse Côme.
Il n’avait plus de douleurs et il avait dormi comme un parpaing après avoir reçu, vers vingt-deux heures, un coup de fil de Basile. Le vice-président de l’alipa avait pris des nouvelles d’Iseult auprès de son frère.
- L’association m’avait mandaté pour le consulter sur le maintien ou non de la fête, disons par correction, je vois mal comment nous aurions pu refouler et rembourser les gens... Mais tout va bien : le poignard a glissé sur l’omoplate sans atteindre aucune fonction vitale. Elle est encore affaiblie mais elle va s’en tirer.
Depuis près de deux heures, les rues de Rochebourg bourdonnaient de moteurs et de voix ; les amateurs de pêche à la ligne, levés avant le jour, débarquaient de tous les points cardinaux, en voitures ou en vélomoteurs, sacoches en bandoulière, tous équipés de cannes télescopiques, de sièges pliants et, parfois, de parasols.
Le champ communal, prévu comme parking, devait être complet car nombreux étaient ceux qui, après être passés une première fois sur la place, refluaient maintenant à la recherche d’un stationnement improbable dans les rues trop étroites et se garaient n’importe comment dans la moindre encoignure et sous le chêne. C’était de bonne augure pour l’association, mais il fallait s’attendre à essuyer dans les prochains jours les récriminations des habitants anti-pêche ou anti-alipa, les rouspéteurs de tous poils, réveillés dès potron-minet par l’invasion du village. Polycarpe recensait déjà les choses à prévoir ou à améliorer dans l’avenir qu’il soumettrait à Imogène : une information préalable des autochtones, une première aire de stationnement dans un pré en amont de Rochebourg afin d’éviter les nuisances de ces va-et-vient sonores, ainsi que des cales à vélos.
Les coups de klaxon se firent entendre à nouveau et Polycarpe se propulsa dans l’autre chambre pour repérer l’agitateur matinal depuis la fenêtre du premier étage. C’était Gix, arrêté en double file devant le logis qui jaillit de sa voiture, au comble de l’exaspération.
- Eh, Poly ! lança-t-il, C’est la panique dans ton bled ! Tu n’as pas une place dans ta grange ?
- J’arrive, mais je t’en prie, cesse de klaxonner.
En manœuvrant la bétaillère, Gix put ranger sa petite Fiesta. Il attrapa son matériel de pêche et suivit Polycarpe dans le jardin où la vieille porte, encore munie de sa serrure, posée à plat sur deux tréteaux, faisait toujours office de table de jardin à l’ombre du respectable cerisier. Polycarpe avait préparé du café dans un pichet Thermos ; Gix fouina dans une sorte de musette qui contenait ses hameçons, ses cuillers et une boîte d’asticots et fit apparaître un pochon de papier de soie contenant des croissants que Polycarpe examina avec suspicion avant d’y plonger la main.
- Je ne suis pas esclave de ma passion pour la pêche : calons-nous l’estomac d’abord.
Polycarpe lui donna une bourrade amicale.
- Tu ne connais pas la dernière ? Notre vicomtesse a été retrouvée poignardée, hier...
- Pas possible ! Est-elle...
- Non, heureusement. Ça va. La lame a ripé.
Il froissa le sac en papier des croissants.
- Tu as petite mine, mon vieux Gix. Tu tiens le choc ?
À demi-assis avec désinvolture sur le bord de la table improvisée, ils trempaient leurs viennoiseries dans leurs mugs de café.
- Je me reproche d’avoir été trop confiant, avec Véro... Je crois que j’ai fait l’autruche pour ne rien voir. J’aurais dû me douter, à la voir partir tous les quatre matins, qu’elle rencontrerait un aventurier au grand cœur, qu’elle ne se contenterait pas d’un type plan-plan comme moi. tu ne crois pas ?
Polycarpe égouttait son croissant au-dessus de sa tasse.
- De là à divorcer, il y a une marge.
- Ce gars, tu comprends, engagé dans une juste cause : il a tout bon et moi, tout faux.
- Il y aurait beaucoup à dire sur les « justes causes »... Il n’y a pas que des petits saints dans ces organisations humanitaires...
- D’accord... Mais je suppose que Véro et moi, on n’était plus sur la même fréquence.
Il enfourna un demi-croissant.
- Malgré cela, j’étais persuadé que nous étions en quelque sorte complémentaires, je me suis laissé aller, je suis un vieux con.
Polycarpe n’approuvait pas que son ami se remette en question, Gix avait toujours respecté sa femme. Ses torts, s’il en avait, avaient été d’encourager son épouse militante et passionnée à mener les activités de son choix depuis une alerte sérieuse à la dépression quelques années plus tôt.
- Ne réponds pas à son avocat. Que Véro et son amant viennent se traîner à genoux pour implorer ta royale clémence : il faut qu’ils rampent à tes pieds.
- Ce n’est pas mon genre, Poly, tu le sais bien, je ne suis pas hargneux... Le mal est fait, c’est trop tard.
- « Qui vivra verra... » comme dirait Basile !
- Bon, on va clore le chapitre Véro. Il t’est arrivé bien pire. Je n’ai pas envie de me faire plaindre. Ah ! au fait, est-ce qu’une immense armoire, à corniche en forme de bicorne, t’intéresserait ? Elle pourrit dans une grange, chez un client qui veut la bazarder. Impossible de la caser dans une maison normale. J’ai pensé que chez toi, elle aurait sa place.
- Pourquoi pas ? Note-moi le nom du vendeur, j’irai la voir.
Gix termina son café, fit quelques pas dans l’herbe pendant que Polycarpe allait chercher son calepin.
- Tu sais que j’ai eu Mama au téléphone, quand je me suis inscrit au concours ? Je lui ai fait mes lamentables confidences. Elle m’a sacrément remonté le moral...
- Je vais te présenter les autres : Calamity et Flora Bouton... et mon copain Basile... Ils sont déjà tous à pied d’œuvre. Allons-y.
Quelques retardataires se dirigeaient encore vers la rivière. Certains avaient fait halte au café où Flora s’affairait. Elle était accoutrée dans une sorte de sari orange en prévision d’une journée qui s’annonçait caniculaire ; son anarchique chevelure poivre et sel et crépue s’échappait d’une grosse barrette en cuir. Elle leur fit un signe amical depuis l’intérieur et sortit sur le trottoir, un plateau dans une main, un torchon dans l’autre :
- On n’a jamais vu tant de monde ici, je vous assure, dit-elle à Polycarpe. C’est une grande réussite pour l’association.
- Nous retiendrons la leçon, Flora : prévoir un petit assassinat les veilles de festivités, c’est une excellente publicité ! Voici mon ami Gilles Alix, dit : Gix.
- Bonjour Gix.
- Enchanté, Flora.
- Je remplace Basile. Il aurait été idiot de fermer le café toute la journée. Vous n’avez pas votre canne à pêche, Polycarpe ?
- Je m’abstiens par expérience : je ne sais faire que des nœuds avec le fil. Mais j’ai prévu de la lecture !
Il tapota la poche de poitrine de sa chemisette, alourdie d’un livre de poche.
- Avez-vous vu notre terrasse improvisée ?
De l’autre côté de la route, y avait une petite aire ombragée de trois peupliers avant les champs de colza d’un jaune éblouissant. Quatre tables égayées de parasols publicitaires multicolores accueillaient déjà quelques consommateurs.
- Et Godichon ?
- JR va guider les promenades.
- JR ?
- Jésus Roberto, mon jeune voisin. Vous ne connaissez pas encore tout le monde, Polycarpe, même si tout le monde vous connaît ! Excusez-moi, je dois servir les clients.
Tandis que la petite route virait vers le nord pour monter dans les collines, un chemin encastré dans les maïs descendait plein ouest vers la rivière jusqu’aux prés communaux où était érigée la guinguette. La Gourmette avait environ quatre à cinq mètres de large à cet endroit et si elle s’était assagie en tortillant dans la vallée, le courant restait vif, couchant les roseaux qui teintaient en vert sombre son eau poissonneuse.
Les pêcheurs s’étaient dispersés par un sentier qui longeait en amont et en aval la rive gauche et s’étaient installés sous les grands saules inclinés, ou dans les petites criques que les eaux avaient creusées pendant les crues de printemps.
Calamity fixait une banderole de crépon rouge vif autour d’une calèche calée sur ses limons, avec l’aide d’un jeune gars sec et musclé, aux cheveux noirs, raides et en vrac, l’œil assassin. Bourrache broutait non loin, la bride sur le cou, ignorant les braiments asthmatiques de Godichon, toutes dents dehors, dont le pelage colmaté par endroit donnait l’impression de muer. Pour la première fois, Polycarpe découvrait Calamity en robe. Mais la robe, vieux rose, longue et froncée à la taille, au corsage ajusté, évoquait d’une certaine manière les pionnières de l’Ouest et ne remettait nullement en cause son petit surnom. Elle avait confectionné une sorte d’instable choucroute avec ses épais cheveux dorés.
- Salut Poly !
Ils s’approchèrent de la jeune femme qui eut le premier réflexe de tendre une joue à Polycarpe avant de se raviser et de tendre la main :
- C’est vrai, j’oubliais, vous n’êtes pas du genre bisous...
- Voici Calamity, la plus charmante fille du canton et Gix, l’ami de trente ans, plaisanta Polycarpe.
Gix enveloppa Calamity d’un regard séduit et elle le lui rendit, en toute simplicité car Gix était bel homme. Il en profita :
- Au contraire de mon ami Poly, moi, je suis volontiers bisous...
Il la saisit aux épaules et l’embrassa plusieurs fois. Elle éclata de rire.
- On va s’arrêter à quatre bises, Gix. Mama m’a parlé de vous. Savez-vous qu’elle vous trouve craquant ? C’est elle qui le dit ! Et voici Jésus Roberto, excellent cavalier et ânier intérimaire, c’est un jeune homme courageux qui me dépanne quelquefois au ranch...
- Appelez-moi JR, monsieur Houle, dit le jeune homme d’une voix précocement grave. Je déteste mon prénom. C’est vous qui avez succédé à Ulysse Côme, au logis, non ?
- Exact. Vous le connaissiez ?
Polycarpe ne définissait pas ce qu’il ressentait et appréhenda subitement une commande de marijuana.
- Ouais ! À l’occasion, j’aurais un truc à vous dire. Mais on est de revue, dans la journée.
Jésus réprimait toutes expressions. Impassible, il avait le regard méfiant et empreint de défi. Certains petits délinquants avaient cette véhémence contenue.
- D’accord, JR. Quand tu voudras !
- Il doit avoir des gênes de gitan, ce môme, remarqua Gix alors qu’ils s’éloignaient.
À intervalles réguliers, les pêcheurs avaient planté leurs cannes dans la berge, certains veillaient sur un cheptel de plusieurs gaules, d’autres montaient leurs lignes assis sur des pliants ou moulinaient déjà avec vigueur. Les familles qui les accompagnaient déployaient des couvertures, se préparant à une journée de farniente ; et des mamies, bien calées dans des fauteuils de camping, déroulaient leurs canevas.
Là où bifurquait le chemin, Mama se tenait assise derrière une table en plastique, arborant des lunettes de soleil larges comme deux soucoupes, aux montures vert pomme ; elle faisait payer les participants en distribuant des tickets numérotés qui seraient peut-être gagnants. Elle enfermait la monnaie dans une petite caisse en métal gris et leur lançait un mot d’encouragement avant de noter scrupuleusement leurs noms et leurs adresses sur une liste déjà bien fournie.
Elle sursauta quand Polycarpe, en arrivant derrière elle, prit un ton de pandore, roulant les « r » avec l’accent méridional :
- Ne contrevenez-vous pas à la loi pour la protection des libertés, en établissant ce fichier ?
- Bonjour Polycarpe ! Que je suis heureuse de vous voir ici ! dit-elle à Gix. Vous avez bien mérité de vous détendre. C’est 7, 50 euros, repas inclus. Nous avons un monde fou ! Vous avez su pour Iseult, j’imagine. Dieu merci, elle est sauvée. Avez-vous rencontré les autres ? J’aimerais voir Imogène. Que faire avec les pêcheurs qui sont arrivés avant moi et qui se sont installés sans payer l’inscription ? Quant à ce fichier, j’en ai pris l’initiative, pour contacter tous ces gens quand nous ferons d’autres festivités. Ce n’est pas interdit ! Il me semble que vous n’êtes pas celui qui doit me donner des leçons.
Elle s’adressa à Gix :
- Votre ami a réussi à anéantir en un après-midi des années d’instruction laborieuse, en racontant je ne sais quelles inepties à mes gamins.
- C’est vrai, Poly ? morigéna Gix, l’œil cependant égayé.
Polycarpe regarda ailleurs et fit le sourd, avec un petit rictus néanmoins satisfait, puis tendit quinze euros à Mama.
- J’imagine qu’on peut se permettre de vérifier les tickets des participants en longeant la rivière quand tout le monde sera tranquillement installé. Je me porte volontaire. Faites passer le mot à Imogène.
Gix désigna la liste des inscrits :
- Avez-vous vu passer la famille Sarrasin, Mama ?
- Non, Gix. Pas encore. Voyez, je n’ai pas coché leur nom... Tiens, voici notre présidente.
En dévalant légèrement le sentier, Imogène retenait de la main un chapeau de paille ; elle arborait, avec une opportunité malicieuse, un ensemble marin à rayures bleues et blanches, transportant une sorte de Vanity en osier. Elle lâcha son chapeau et agita joyeusement le bras en les voyant. Elle les rejoignit, légèrement essoufflée.
- Bonjour tout le monde... Tout va bien ? Je ne suis pas en avance comme d’habitude, dit-elle. Mais j’ai dû longuement briefer Anatole qui tient exceptionnellement le magasin...
Mama réajusta les épaulettes d’une large tunique supposée masquer ses rondeurs, croisa les bras et regarda le ciel :
- Si Anatole se laisse « briefer », le temps va tourner !
- Et je vous signale qu’il nous rejoint pour déjeuner. Mais ne pavoisons pas, il ne s’est pas subitement converti en supporter de l’alipa, il est en mission commandée : délégué par son altesse le maire, annonça-t-elle, exagérant une expression respectueuse pour tourner la nouvelle en dérision. Où en sommes-nous ?
L’immixtion annoncée d’Anatole rendait Polycarpe subitement morose et cette impression l’agaçait : il ne comprenait pas d’où lui venait cette espèce de jalousie absurde, inconvenante, alors que l’homme ne lui était même pas antipathique. Il lui fit mollement part de son intention de contrôler les inscriptions. Elle accepta immédiatement :
- L’un en amont et l’autre en aval, nous nous répartirons la tâche, Polycarpe. Je vais saluer les autres et je vous remplace à l’accueil, Mama.
Elle se dirigea vers le barnum. Polycarpe et Gix lui emboîtèrent le pas.
Évariste et Basile étaient en train de décharger une camionnette et transportaient des cartons, des caisses de boissons, des sacs de bûchettes et de charbon de bois. Leurs chemises étaient trempées : ils n’en étaient pas à leur premier tour. Le grand barbecue prêté par le sporting-club, composé d’un bidon scié en deux, soudé sur des X en fer, était déjà en place, à côté d’un étal où s’amoncelaient des plateaux, des piles d’assiettes, de couverts et de verres.
- Les pauvres, comme ils ont chaud, dit Imogène, attendant qu’ils posent leurs paquets, pour échanger la bise rituelle.
Elle tripota les bords de son chapeau en expliquant l’organisation à Gix :
- Les gens feront comme au self, ils prendront leurs plateaux, leurs assiettes, leurs couverts et leur part de tarte, puis ils passeront devant le barbecue et la friteuse où ils seront servis, avant d’aller s’asseoir sous la bâche ou bien à l’ombre des arbres, s’ils le désirent.
- Voici Basile et Évariste... Et voici Gix, dit Polycarpe. On peut vous aider, les gars ?
- Volontiers !
Ils échangèrent des poignées de main et attrapèrent des caisses et des cartons. Tous les quatre eurent rapidement vidé le véhicule pendant que deux hommes aux physiques d’athlètes vêtus de polos à larges rayures, déroulaient des fils électriques pour raccorder un immense frigo rouillé et une friteuse électrique à une borne EDF. L’un d’eux, le crâne rasé et le nez cassé, étira un sourire qui fit onduler ses muscles faciaux et s’adressa à Basile :
- C’est bon, le matos est en place et ça marche. Vous bilez pas, si le frigo déconne, un coup de latte et ça repart ! Nous, de toute façon, on revient pour manger ici, avec nos potes. Vous inquiétez pas.
- Les frères Givet de Soutrain, dit Basile. Clovis et Aimé. Ailiers de rugby. Connaissez-vous Polycarpe Houle ?
- C’est vous qui retapez le logis, je crois. Salut, dit Clovis.
- Bonjour, dit Aimé.
Les deux rugbymen, qui se tenaient côte à côte comme deux mégalithes, broyèrent les mains de Polycarpe et de Gix, cependant avenants et sympathiques.
- Tout ce matériel est mis à disposition par le club intercommunal, expliqua Basile. On pratique les matchs et les entraînements sur le terrain de Soutrain...
- « On » ? Jouez-vous au rugby, Basile ? persifla Polycarpe.
L’instituteur montra ses avant-bras fluets.
- Avec ça, je vous prends aux échecs, si vous voulez, mais pas au rugby !
Il acheva l’explication :
- Et Rochebourg subventionne le matériel.
Aimé Givet, aux oreilles en chou-fleur, engoncé derrière ses impressionnants pectoraux comme protégé d’un gilet pare-balles, précisa avec un soupçon de gaillardise :
- Rochebourg met aussi à notre disposition la cave où ont lieu les troisièmes mi-temps et ce n’est pas le moins important.
Imogène désigna vaguement les lointains :
- Une cave en descendant vers le moulin de Flora...
Gix regarda sa montre :
- Qu’est-ce qu’il fout, Sarrasin !
à suivre...
19:10 Écrit par Claudine | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook | | Imprimer | |
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