Les aventures de Polycarpe - 20éme épisode (02 mai 2006)

LE VIEUX LOGIS

CHAPITRE XX

 

Comment se poignarder dans le dos tout seul

Le crash-test de la ratatouille

Le mort était photogénique…

 

- Drôle de façon d’attirer l’attention : si vous ne l’aviez pas retrouvée, elle serait morte !
- Je n’en suis pas certain. Tous les week-end, nous organisons des visites dans la chambre rouge. Elle pouvait s’attendre à être secourue... J’ai ruminé cette histoire toute la nuit, il y a des invraisemblances notoires.
Il lampa une gorgée et reprit :
 - Si vous aviez l’envie de me tuer en me poignardant dans le dos et que la lame aurait ripé sur l’omoplate,  vous retireriez le poignard pour m’asséner un second coup... Mais admettons que votre forfait commis, même raté, vous preniez la fuite, alors je réagirais forcément, je n’irais pas m’étendre sur le sol en attendant de me vider de mon sang, un couteau mollement planté dans l’épiderme  !
Basile s’amusa de l’évocation puis émit une hypothèse :
- C’est peut-être une pseudo tentative de suicide, organisée de manière à faire accuser Ulysse qui l’a laissée tomber, comme chacun sait.
- J’en arrive effectivement à cette conclusion.
- Pourtant, n’avait-elle pas trouvé un nouvel équilibre ? N’était-elle pas fiancée avec son psy ? s’étonna Polycarpe.
- Qu’est ce que vous dites ? Fiancée ! Quel psy ?
- Iseult m’a annoncé ses fiançailles avec le Dr Zückervit, qu’elle m’a décrit comme un homme charmant et riche, qui l’emmène dîner en ville...
- Le Dr Comment ? Je ne connais pas de psychiatre de ce nom ! Je veux vérifier immédiatement. Basile, avez-vous un Minitel, un annuaire ?
Pierre feuilleta fébrilement les pages professionnelles  puis les pages des particuliers. Il hocha la tête avec désespoir et se prit le front dans les mains.
- Elle a tout inventé. Ma sœur est complètement folle ! Si vous saviez ! Elle est capable du pire. Accepteriez-vous de m’accompagner pour vérifier dans la chambre rouge s’il n’y a pas un indice quelconque ? Au cas où elle aurait organisé cette mise en scène, je ne peux pas laisser accuser un innocent.
- Elle met également Ulysse en cause dans la mort de Cornu, affirmant l’avoir vu ! fit remarquer Polycarpe. Ce qui fait deux chefs d’accusation, si ce garçon s’en tire, ce sera un miracle.
- Ce qu’elle « voit » passe les limites de la raison, vous savez !
Polycarpe eut une contraction nerveuse et involontaire du cuir chevelu qui fit bouger ses oreilles, en entendant le comte évoquer des visions pathologiques.
- À propos, Pierre, vous deviez me révéler un phénomène d’optique extraordinaire, expliquant les visions !
- C’est exact, mais en ce moment, vous comprendrez que je suis peu disponible pour surveiller ces phénomènes.
 
Les trois hommes se rendirent ensemble jusqu’au château, puis escaladèrent les ruines jusqu’au premier pour pénétrer dans la chambre rouge. Ils la passèrent au crible, ne négligeant aucune possibilité de coincer le manche d’un coupe-papier en argent ciselé, selon Pierre de Touche, dans une anfractuosité de mur ou de boiseries. Ils éliminèrent les intervalles de parquet car le poignard n’aurait pas pu suivre la rotation du corps découvert à plat ventre. Il y avait plusieurs encoches qui auraient pu être utilisées, et une seule à la hauteur de l’omoplate d’Iseult.
- Ici, regardez, dit Pierre, le bois des lambris a travaillé, cette large fente semble dépoussiérée…
- Nous sommes peut-être en train d’affabuler, pour prouver l’innocence d’un gars dont nous ne savons rien ou très peu de choses, après tout, dit Basile.
- Possible. Mais le doute est permis, concernant Iseult, je vous assure. Un jour, elle s’est volontairement brûlée avec un pique-feu en imaginant un stratagème compliqué pour me faire croire que Rosemonde l’avait torturée.
Après ces ahurissantes révélations, toutes les hypothèses paraissaient plausibles.
Polycarpe relança le comte à propos de la fantastique découverte qui « expliquait » les visions.
- Exposez donc votre théorie, Pierre, puisque nous sommes sur place, je suis particulièrement ouvert aux solutions rationnelles…
- Eh ! bien, voici les faits : quand les volets de bois intérieurs sont clos, la pièce devient une chambre « noire » comparable à celle d’un appareil photographique. Par les trous percés dans le bois, dont l’origine est incertaine…
Polycarpe et Basile s’approchèrent de l’ancienne croisée et repérèrent les petits orifices :
- Ils pouvaient permettre de voir sans être vu, dit Basile.
- Ils sont symétriques, dit Polycarpe, on arrimait peut-être les volets grâce à ces encoches !
- Toujours est-il, poursuivit le comte, qu’à certaines heures, certains jours et en fonction d’un certain ensoleillement, ce qu’il y a dehors est parfaitement reproduit à l’intérieur de la chambre, en couleur, et à cause probablement de la symétrie des trous, l’image paraît en relief… J’ai fait moi-même l’expérience de calfeutrer et d’ouvrir alternativement les orifices pour avoir la preuve de ces faisceaux optiques.
- Admettons, dit Polycarpe, intéressé et soupçonneux, cela impliquerait qu’il y ait quelque part, dehors, une jeune femme étendue dont l’image serait ainsi reproduite… Trop de hasards tuent le hasard, si je puis dire !
- Ça n’a pas l’air banal ! fit joyeusement Basile.
- En effet, dit Pierre. Mais… Suivez-moi.
Ils contournèrent l’aile en ruine, trébuchant sur les cailloux, et parvinrent sur un tertre dans des vestiges à ciel ouvert. Un lambeau de paroi restait érigé, à environ cent mètres de l’aile où se trouvait la fenêtre de la chambre rouge.
- La chapelle, annonça Pierre. Il n’en reste quasiment rien, excepté ces traces de fresques du quatorzième siècle. Approchez… Que distinguez-vous ? Ne reconnaissez-vous pas une abbesse étendue, avec sa coiffe… Il s’agirait, d’après les recherches de mon défunt père, des funérailles d’une moniale de Fontevraud !
Les deux roturiers étaient sans voix.
- Et voilà, cher Polycarpe. Vous n’êtes pas médium…Pour constater le phénomène, il faut que le soleil d’ouest frappe la fresque et que le temps soit particulièrement sec…
- Vous saviez très bien l’origine du phénomène lors de ma visite, quand j’ai failli me trouver mal, n’est-ce pas ?
Le profil gauche du comte était agité d’un tic qui faisait frémir sa paupière et remontait la commissure des lèvres :
- J’ai voulu vous impressionner un peu, j’avoue, dit-il.
Polycarpe reniflait à petits coups, indécis sur l’attitude à avoir, lorsque Pierre déclara, avec une certaine candeur :
- Ça marche très bien avec les japonais…
 
Alors que Polycarpe revenait du château, un compresseur fut mis en route et un type attaqua l’asphalte au marteau-piqueur. Il hâta le pas, stressé par les décibels.
Il venait de prendre la décision de remettre en service sa vieille télévision, restée dans sa gangue de polystyrène depuis son emménagement, pour suivre « l’affaire » qui ne manquerait pas d’être évoquée aux actualités régionales. Comme la plupart des maisons de Rochebourg en situation dominante au-dessus des plaines, le logis était dépourvu d’antenne sur le toit. Dès l’après-midi, il irait à Bux s’en procurer une, intérieure et télescopique, chez un marchand d’appareils vidéo.
Par la même occasion, il avait décidé de consulter un des rares forgerons du canton, recommandé par Imogène, pour exposer son problème de trappe, puis de faire un crochet par le « Bol d’Or » avec l’intention de surprendre Petit Lu dans ses nouvelles fonctions.
Le dénommé Gaspard Charron, un gaillard protégé d’un tablier de cuir, qui battait l’enclume devant un feu d’enfer, lui suggéra la pose d’une grille aux barreaux épais comme son pouce, boulonnée sur un support de fonte. Polycarpe imposa son idée de trappe basculante. L’artisan promit de passer rapidement prendre les mesures. Il resta toutefois évasif sur le délai de réalisation, étant, dixit l’homme de l’art : surbooké.
Polycarpe découvrit le « Bol d’Or » dans un faubourg, le long d’une large artère passante. L’établissement comportait une spacieuse boutique claire, dallée de blanc, exposant vélos, scooters, casques et des grands panneaux de pièces détachées, jouxtant un atelier noir de cambouis. Une dame d’un âge plus que respectable tenait la caisse, la mère du patron, probablement : ça sentait son affaire de famille.
- Vous voulez parler au grand Luc ? demanda-t-elle d’une voix fluette et chevrotante.
Ainsi Petit Lu était promu Grand Luc. Hormis sa bouille ronde, il était métamorphosé : avec les cheveux courts, la barbiche rasée, dans sa combinaison grise de mécano, il avait l’air d’un pro qui offrit son poignet à serrer, à défaut de sa main graisseuse.
- Tu as changé de look.
- Ben, dans ce boulot, les cheveux longs, ça le fait pas...
La vieille dame étant occupée avec un client, Petit Lu entraîna Polycarpe auprès de la grande vitrine, pour lui demander s’il avait remis l’argent à Chimène.
- Parfaitement. Désormais, tu es blanc comme neige...
Avec un air extrêmement concentré, Petit Lu farfouilla sous sa combinaison et en ramena un vestige de portefeuille, archi plein de cartes diverses, gonflé de petite monnaie, craqué de partout, miraculeusement fermé par une bande velcro, dans lequel il fit un laborieux inventaire avant de dénicher une vieille coupure de journal qu’il remit à Polycarpe.
- Vous savez quoi ? En rangeant ma chambre pour déménager de chez mes parents, j’ai retrouvé ça dans la boîte de gâteaux qui contenait les économies de Chimène… Tenez, si ça vous intéresse…
Il s’agissait du cliché paru dans Le Nouvel Écho que Polycarpe avait trouvé aux archives. Quel compte Chimène avait-elle eu à régler avec le sulfureux juge ?
La vieille dame toussota.
- Luc, ce client veut raccourcir sa chaîne de vélo, tu veux t’en occuper ? Excusez-moi, dit-elle à Polycarpe, nous avons tellement de travail. Êtes-vous de la famille de Luc ? C’est un bon garçon. Pas très dynamique, mais consciencieux.
Il s’approcha du comptoir et fit un brin de causette, la congratulant pour son extrême cordialité. Elle minauda avec coquetterie en aplatissant sur son front une bouclette argentée.
- Le sourire et la politesse, dans le commerce, ça fait toute la différence, dit-elle. Vous pouvez me croire ! Je suis dans le commerce depuis cinquante ans, mais oui !
Il opina gravement et pour être aimable acheta des manchons de guidon pour son Solex.
De retour chez lui, il transporta le poste et des mètres d’allonges électriques dans tous les coins de la cuisine en tournicotant l’antenne avant de pouvoir capter une image convenable, à peine enneigée, au moment des informations locales.
Elles confirmèrent l’événement. Encadré de deux gendarmes, on voyait Ulysse monter les marches du commissariat sans chercher à cacher un visage serein qui exprimait ou son innocence, ou son machiavélisme.
« Le procureur s’étonnera d’une accusation portant sur des faits aussi anciens que la mort du juge  et il aura connaissance de la mise en curatelle d’Iseult » pensait Polycarpe, prenant parti pour le jeune homme après les graves soupçons d’imposture que Pierre de Touche avait fait porter sur sa soeur.
 
Après les informations, Polycarpe avait éteint la télévision, pour réfléchir aux accusations proférées à l’encontre du jeune homme, délaissant les circonstances de l’agression au poignard, fort bien récapitulées par le comte.
Il arpentait la pièce.
« Même si cette folle a inventé avoir vu Ulysse en train d’étouffer Cornu, le fait est qu’il est bien mort le trente et un octobre ainsi que l’a confirmé le médecin, selon Berouette. Petit Lu et Iseult se sont donc trouvés ensemble au moment approximatif de sa mort, probablement après, Petit Lu le croyant endormi quand il a chipé la montre ».
Il fit un arrêt en posant une fesse sur la table.
« D’autre part, nous savons qu’Ulysse était encore dans les parages et qu’il aurait pu revenir par le souterrain pour supprimer son testateur, se sachant légataire et le sachant asthmatique. Est-ce qu’Ulysse connaissait ce souterrain ? S’en servait-il pour acheminer son cannabis ? »
Il se redressa et se rendit dans le jardin où l’ensoleillement décroissant n’accrochait plus, en oblique, que la partie supérieure des murs.
«  Par ailleurs, Iseult de Touche prétend être restée auprès de Cornu en attendant qu’il se réveille pour lui faire la lecture. »
Il se laissa tomber dans son fauteuil-paon qui était resté dehors depuis la matinée.
«  La lecture... Qu’avait-elle dit exactement à ce propos ? Le vieillard lui avait offert le Perfescope parce qu’il ne voyait plus assez pour s’en servir... Parce qu’il voulait la remercier ainsi de venir lui lire des livres, qu’il ne pouvait plus lire lui-même... C’était les affirmations de la jeune fille, pour le moins dérangée, devait-on la croire ? » 
- Mais voilà  ce qui ne colle pas ! s’écria Polycarpe, en bondissant hors du fauteuil.
Il mit le cap sur son téléphone et fit le numéro de Basile.
- C’est Polycarpe. Êtes-vous toujours en grève ou dois-je me préparer un encas de pain rassis et une soupe en sachet ?
- Tout ira bien, Calamity vient de m’apporter une cocotte de ratatouille et il nous reste quelques saucisses d’hier...
- Parfait. J’arrive. Je vais vous faire part de mes élucubrations  pendant le dîner.
 
Tandis qu’ils couvaient des yeux la cocotte qui réchauffait sur le gaz,  Polycarpe énuméra les étapes de sa réflexion, jusqu'à son interrogation au sujet des séances de lecture.
- Vous rappelez-vous ce que vous m’avez dit un jour à propos des livres qu’Ulysse venait vous emprunter ?
- Pourquoi ?
- Je soupçonne Iseult de m’avoir menti en prétendant que Cornu était à moitié aveugle...
Ils se mirent à table et chacun se servit copieusement.
- Elle vous a dit ça ? C’est bizarre : Ulysse venait chercher des livres à la demande de Cornu qui lisait durant ses insomnies.
- Quel genre de livres emportait-il ? C’était peut-être pour son propre usage !
- Ulysse ne lisait pas, ça j’en suis sûr. D’ailleurs, il s’en vantait : il prétendait que la lecture ramollit l’homme d’action. Mais pour Cornu, n’importe quel bouquin faisait l’affaire, tous ceux que je posais sur le buffet, style prix littéraires, polars, biographies... Ah, ça me revient, Cornu était surtout friand de biographies historiques.
Polycarpe remplit à nouveau son assiette de l’excellente ratatouille, en chargeant Basile de transmettre ses compliments à la cuisinière. Celui-ci réajusta ses lunettes avec componction et dit, ironiquement solennel :
- Calamity fait parti du clan des légumes cuits.
- Pardon ?
- En matière de ratatouille, deux écoles font rage, l’ignorez-vous ?  Deux camps ennemis : celui des légumes crus et celui des légumes cuits, et personne ne plaisante ici sur la question !
Polycarpe posa sa fourchette et repoussa son assiette pour croiser les bras, en fixant sur Basile un regard empreint de la plus grande curiosité pour ce phénomène de chimie culinaire capable d’engendrer une discorde villageoise.
- Dites-moi tout, Basile. Pourquoi tant de haine...
- Je ne suis pas féru de cuisine mais j’ai ouï dire qu’on n’obtient pas le même résultat si on cuit tous les légumes ensemble ou si on fait revenir doucement chacun d’eux dans l’huile d’olive... méthode dite « des légumes cuits », plus goûteuse...
- Et plus indigeste !
- Voilà : c’est exactement le reproche - infondé ! - que font les partisans de la première manière. Je vous donne un bon conseil : choisissez votre camp. Vous serez jugé moins sur vos goûts que sur votre persévérance à pourfendre les tenants du clan adverse.
- J’hésite.
- Je comprends. Mais ne vous avisez pas de dire à Calamity que sa ratatouille est indigeste si vous ne voulez pas dîner d’un jambon sous cellophane-purée Vico tous les soirs.
Basile but son verre de vin à petites gorgées en observant avec malice Polycarpe s’imprégner des saveurs méridionales, hocher du chef, claquer de la langue.
- Voilà, je suis prêt à en découdre avec le parti des légumes crus !
- Bien parlé, amigos.
Après le crash-test de la ratatouille, Polycarpe se carra contre le dossier de sa chaise, l’air repu et satisfait.
- Ce qui m’obsède dans notre affaire Cornu, c’est l’incompatibilité de nos hypothèses. Pour Petit Lu, passons : il s’est avancé pour saisir la montre en or et s’est carapaté vite fait.
- Une petite minute... La montre en or, c’était petit Lu ? Qu’est-ce qu’il foutait chez Cornu ?
- Faites-moi le serment de garder le secret : il en va de la réputation du garçon. Cependant, il est difficile de faire l’impasse sur ses faits et gestes qui ont leur importance pour la reconstitution de ce casse-tête : voici les faits...
Après Imogène et Mama, il mit Basile au courant d’un secret dorénavant plus connu que le loup blanc, et reprit le fil de son raisonnement.
- Cornu était déjà mort si l’on en croit Iseult qui a cru, en entendant Petit Lu, qu’Ulysse revenait pour la tuer « dans un accès de folie meurtrière ». Donc, admettons qu’elle vient d’assister au meurtre et qu’elle s’enfuit de la maison dès le départ de Petit Lu. Qu’aurait-elle dû faire ensuite, en toute logique ?
- Donner l’alerte, non ?
- Elle ne l’a pas fait. Dans les jours suivants, après une de ses crises, elle retourne à Jonques, d’où elle écrit à Ulysse un courrier des plus confus, avouant à Ulysse que, sous l’emprise d’une hallucination, elle l’avait cru meurtrier, lequel ne prend pas la peine de lui répondre.
- Et si c’est une hallucination, Ulysse n’est pas coupable... Le fait qu’il n’ait pas répondu est plutôt une saine réaction... Espérons qu’Ulysse a conservé cette lettre !
- Hallucination ou pas, Iseult se trouvait alors dans la pièce en compagnie d’un mort et ne s’en était pas aperçu, alors qu’elle dit être restée près de lui... Quand même !  Comment ne pas remarquer l’inertie cadavérique ?
- Je vous le concède, Polycarpe, c’est louche.
- Iseult aurait-elle pu tuer Cornu, d’après vous ?
- Ça me paraît bidon. Pourquoi aurait-elle tué ce vieux ?
- Avec une fille aussi barjotte, le pourquoi du comment défie la logique. Vous ai-je dit que JR m’a parlé hier après-midi, en conduisant Godichon ?
- Non.
- Il est formel : Ulysse était à Rochebourg le trente et un octobre et non parti en vacances comme il l’avait annoncé. Son combi était garé au bord du bois des hauts et, par conséquent, non loin de l’entrée du souterrain.
- Ah ? Tiens, tiens...
L’air finaud, un tantinet égrillard, de Basile surprit Polycarpe.
- Qu’avez-vous ?
- C’est un secret de polichinelle, mais bien gardé par la population rochebourgeoise : on peut accéder au château depuis les hauts par un raidillon.
- Et alors ?
- Eh bien, la présence de la camionnette d’Ulysse à cet endroit ne prouve pas nécessairement qu’il a emprunté le souterrain. Il était peut-être au château.
- Après avoir affirmé qu’il partait !
- Dois-je vous faire un dessin ? Disons qu’il est peut-être parti quand même, après une visite de politesse, à Rosemonde.
- Voulez-vous dire : galante ?
- Hé ! Ce qui pourrait innocenter Ulysse et  justifier le comportement passionnel d’Iseult.
- Mais inversement, révéler l’infortune du comte... Aïe, aïe, aïe !

à suivre...

15:10 Écrit par Claudine | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer | |