Les aventures de Polycarpe - 12ème épisode (02 mars 2006)

Résumé des chapitres précédents : PH découvre que l'ancien propriétaire du logis avait falsifié son identité. Misérable et certainement dérangé, il explorait les souterrains de Rochebourg  avec l'espoir de dénicher un trésor. Un certain nombre d'observations laissent  supposer que l'ancien magistrat n'est pas mort naturellement. Parmi les meurtriers possibles : Iseult, une vicomtesse hystérique et mythomane, Ulysse Côme, jeune businessman arriviste, Petit Lu qui a cambriolé une tireuse de tarots... Alors que PH vient de découvrir qu'un souterrain aboutit au logis et juste remis d'une vision paranormale dans la "chambre rouge" du château, il met la main sur une vieille photo montrant le juge avec des amis peu avenants et décide de rencontrer une des femmes dans sa maison de ratraite...

 LE VIEUX LOGIS - CHAPITRE XII

L’imposant manoir, bâti à flan de coteau, dominait la vallée de l’impétueuse Baroude grossie des eaux de la Gourmette. Sa façade de briques ouvrait sur un parc léché : des allées de petits cailloux contournaient des bosquets, des massifs, des tertres de gazon tondu ras autour de cèdres séculaires. Ici ou là, des bancs proposaient d’éventuelles haltes aux résidents, pour l’heure tous réunis au foyer de l’établissement, devant la télévision.
La maritorne à forte poitrine, au visage taillé à coups de serpe, qui se tenait à l’accueil, répondait au prénom inattendu de Félicité, inscrit sur une étiquette épinglée à sa blouse. Accompagnant Polycarpe jusqu’au foyer, elle mima un « chut » en plaçant son index devant sa bouche et  murmura :
- Si ça ne vous fait rien, asseyez-vous et patientez jusqu'à la fin de l’épisode...
Polycarpe reconnut sur l’écran le célèbrissime Inspecteur Derrick qui fixait, placide, la petite assemblée des vétérans. Il suggérait à un acolyte, situé hors du champ, de faire une visite surprise à cette crapule de Hans Forbach. Un plan fixe, s’éternisant sur le loquet d’une porte que l’inspecteur finissait par ouvrir puis refermer avec lenteur,  précédait un autre long plan sur une voiture stationnée dans une rue déserte. L’inspecteur ouvrait la portière sans hâte, avant de s’asseoir, rigide, derrière le volant. Puis, dans un enchaîné ébouriffant, il bouclait précautionneusement sa ceinture de sécurité, mettait le contact et le clignotant, déboîtait tranquillement, tandis que la caméra s’attardait sur son regard impavide dans le rétroviseur.
- À ce rythme, l’épisode va durer trois heures, ironisa Polycarpe.
Félicité eut un sourire de condescendance pour ce visiteur fringant, à l’impatience quasi juvénile.
- Il ne faut pas bousculer leurs petites habitudes... d’ailleurs, c’est bientôt la fin.
Les vieilles dames, dont la plupart arboraient des frisettes aux reflets mauves, occupaient des fauteuils, roulants ou fixes, disposés en arc de cercle devant le poste et semblaient captivées par la série teutonne. 
- Vous avez de la chance : la coiffeuse est venue ce matin.
Polycarpe se composa un air veinard.
-  Laquelle est-ce, Lucette Bourreau ?
- Celle qui porte un cardigan gris, avec des lunettes...
Toutes les mémés portaient un cardigan gris et des lunettes et Polycarpe fixa sur Félicité un œil perplexe.
« Cette femme est une humoriste qui s’ignore.»
Ceux des vieux messieurs qui ne cramponnaient pas leurs cannes sous l’emprise pathétique de la maladie de Parkinson, jouaient au Pissou, indifférents aux rebondissements du téléfilm.
Éprouvant les premiers symptômes d’une neurasthénie galopante, Polycarpe refusa de prendre place dans ce salon et s’installa à l’accueil, échangeant avec la gardienne des lieux un sourire benêt quand elle levait les yeux au-dessus d’un écran d’ordinateur. Dès le générique de fin, Félicité bondit :
- Je vais vous la rouler...
Il eut un léger papillonnement des paupières.
-  Elle ne peut pas marcher... On vous rejoint au parloir : deuxième porte à gauche au bout du couloir.
Lucette Bourreau indiqua, par des gestes d’humeur mal contrôlés, qu’elle voulait prendre place le dos à la fenêtre et montra à Polycarpe le siège face à elle, en pleine clarté.
- « C’est pour mieux te voir, mon enfant »,  grinça Félicité, d’un ton sarcastique, avant de s’éclipser.
La vieille dame prit un air terriblement méchant, en avançant le buste et son menton hérissé de poils follets, puis éructa d’une voix virile :
- C’est quoi, cette histoire de Léon ! Il est mort l’année dernière ! Vous êtes qui, vous ?
Polycarpe toussota et appuya ses coudes sur ses genoux ; il inspecta d’abord ses mains puis affronta la cataracte de l’ancêtre.
- Je comprends votre suspicion. Je sais bien qu’il est décédé. J’habite sa maison. Plus précisément, j’ai acheté la maison à son héritier et j’ai découvert, après coup, l’existence de Léon Corbeau. J’ai envie de savoir qui était l’homme qui habitait le logis avant moi... Pure curiosité... Mon nom est Polycarpe Houle.
- Hum ! Comment m’avez-vous dénichée, monsieur Poule ?
- Pas Poule : Houle. J’ai trouvé une photographie de groupe qui comportait votre nom parmi d’autres ainsi que celui de Corbeau. J’ai cherché votre nom dans l’annuaire. Votre petite-nièce m’a répondu... Une jouvencelle au tempérament joyeux...
Elle changea d’attitude, l’air méchant se résorba à la pensée de la petite-nièce.
- Cette gosse est mon portrait craché.
- Ah ! bon ?
La photographie de Lucette Bourreau jeune, trouvée au logis, n’augurait pas une ressemblance flatteuse.
- J’ai retrouvé quelques reliques dans mes archives personnelles, dit-elle. Tenez, prenez...
Elle étira de ses doigts arthritiques la poche de son gilet d’où Polycarpe extirpa une photo enveloppée d’une feuille de papier jaunie : c’était le portrait du même homme que sur le cliché trouvé sous les planches, au teint d’hépatique,  à la physionomie chafouine.
- Il y a eu un problème avec Corbeau, monsieur Paspoulehoule, dit-elle.
Lucette Bourreau comprima son goitre avec une dignité outragée.
- La feuille pliée, vous pouvez la lire. C’est ce torchon qu’il a adressé au procureur, quand il a été viré de la magistrature.

Vieille pourriture de chancre mou, tu as eu ma peau. Mais tu ne l’emporteras pas au paradis :  Je détiens quelques preuves croustillantes de certains ballets roses... Toi qui te drapes dans l’étendard du droit et de la morale, je te préviens solennellement que  tu peux chier dans ton froc, fils de pute.
 

Polycarpe replia la feuille du bout des doigts, avec dégoût.
- Comment vous êtes-vous procuré ce papier ?
- Sous le talon d’Achille.
- Pardon ?
La voix avait soudain pris une tonalité bourdonnante, Lucette Bourreau s’était affaissée sur le côté, les yeux dans le vague.
Il crut qu’elle lui faisait un petit caprice et tenta une diversion :
- Voulez-vous que je vous promène dans le parc quelques instants ?
- Il m’a répondu qu’il n’avait pas peur des chiens à la grande loge, puis vous prenez 4 œufs, leur poids de beurre et de farine...
Polycarpe agita plusieurs fois sa main devant le visage de la vieille dame qui continuait à marmonner une recette de quatre-quarts. Replaçant précipitamment la lettre et la photo dans la poche du gilet, il s’élança dans le couloir, héla Félicité qui, sans s’affoler, transborda ses masses flageolantes de l’accueil au parloir.
- Je parie que la chaîne a sauté ! dit-elle. Ça rouille du côté des moyeux.

 Abandonnant Félicité à ses calembredaines, il détala de son petit pas empressé vers la sortie, suivant respectueusement les circonvolutions de l’allée alors qu’il aurait pu gagner trois cents mètres en traversant les pelouses. Hors de l’établissement, il inhala une grande goulée d’air qu’il souffla, joufflu comme un angelot, soulagé d’avoir quitté l’hospice. Il se mit au volant de sa bétaillère et décida de prendre un autre itinéraire pour longer les bords verdoyants de la Baroude. Un nouveau pont aux rambardes bleu vif enjambait la rivière avant un rond-point fraîchement éclos d’où rayonnaient les routes de Chassac, de Bux, de Soutrain et les voies d’accès à quelques usines et grandes surfaces. Il ne reconnaissait plus le paysage raviné par les tractopelles ; il fit deux fois le tour du rond-point avant d’opter pour la direction de Bux, qui lui permettrait peut-être d’éviter le grand détour par Chassac et de bifurquer directement vers Rochebourg, quand il aperçut un groupuscule brandissant des pancartes. « Non à la Rocade Ouest ! Arrêtez le massacre ! » lut-il, en se rapprochant.
Il ralentit et stoppa quand un homme en short kaki, barbe de la veille, se détacha du rassemblement et se pencha à la portière en lui tendant un prospectus.
- Pour soutenir notre action, voulez-vous signer la pétition ?
- De quoi s’agit-il ?
- De protéger les derniers spécimens de scarabées coprophages dont l’espèce est menacée par la construction de la rocade de Bux.
Polycarpe connaissait ces superbes bousiers mordorés que les méthodes d’élevage et de cultures menaçaient plus que les routes. Il aurait aimer polémiquer, les titiller sur la sélection idéologique de leurs cibles,  argumenter sur l’épandage de boues d’épuration. Mais il se déroba, ne s’imaginant pas sortir de l’habitacle de sa bétaillère pour les haranguer, ni discuter en position assise de l’autre côté de sa vitre baissée. Il répondit seulement qu’il allait réfléchir et monsieur Pétition émit un rictus crispé en regroupant ses camarades devant son capot par mesure de rétorsion.
Et tandis qu’il roulait au pas dans le convoi en formation, le coude à la portière, il se demandait si dans son délire sénile Lucette Bourreau n’avait pas délivré quelques clés à méditer : « Les chiens de la grande loge »... Hasard ? Réminiscence ? Quels rapports y avaient-ils entre Bourreau et le doyen des juges ? Les allusions dans la lettre à « certains ballets roses » qui désignaient pudiquement les débauches pédophiles, épaississaient le mystère Cornu de ramifications peu ragoûtantes. Il en serait quitte pour revenir questionner Lucette Bourreau et affronter de nouveau l’infirmière badine.

Quand il arriva enfin à Rochebourg, il remarqua une insolite voiture de location garée sous le chêne de la place.  Un jeune type en descendit, vêtu d’un léger costume noir sur une chemise blanche dépourvue de col. Il se dirigeait vers le logis, d’une démarche décontractée, mains dans les poches, pieds nus dans ses mocassins. Les pans de sa veste voletaient. Ce look, dynamique et branché, était inattendu au village où l’on croisait plus de gars harassés, en salopettes terreuses, qu’en ensemble de chez Boss.
Polycarpe rentra sa bétaillère dans sa grange, pénétra dans sa cuisine par le jardin. Derrière les carreaux de la porte, le visiteur attendait en observant quelque détail de la façade. Sitôt la porte ouverte, le jeune homme lui tendit la main avec l’excessive cordialité d’un jeune frais émoulu d’une école de commerce.
- Monsieur Houle ? Je suis Ulysse Côme. Bonjour-Ça va ?
Polycarpe estima justifié d’utiliser la même formule je-m’en-foutiste :
- Bonjour-Ça va ?
- Ouais, super !
- Vous entrerez bien un moment ?
- OK !
Polycarpe s’effaça devant Ulysse.
- Comme vous le constatez, je suis en travaux.
- Géniale, cette cuisine dégagée. Et la cheminée ! Je m’en doutais : elle a une de ces gueules !
Ulysse virevoltait sur lui-même, accrochant du regard chaque parcelle de la pièce, chaque meuble, très à l’aise, tapotant les dossiers des fauteuils, vérifiant les espagnolettes, tâtant les montants des portes. Il sortit tout à coup de la poche arrière de son pantalon un mètre enrouleur et un mini calepin, mesura la cheminée, sa largeur, sa hauteur, la profondeur du foyer, monta sur l’escabeau pour prendre les dimensions du linteau, calcula la distance entre les ouvertures, nota des chiffres, traça des plans, dessina les crémones.
La bougeotte du personnage prenait Polycarpe au dépourvu, planté au milieu de la cuisine, en se frottant lentement les mains, dans l’expectative. Pour un garçon qui avait fait, soi-disant, les plans du logis, ce comportement l’intriguait.
- Vous comprenez, dit Ulysse, à cause des cloisons qui divisaient la pièce, je n’ai jamais eu les mesures précises.
- Ah !
Polycarpe tenta une conversation avec le vibrionnant jeune homme :
- J’ai l’impression que vos affaires marchent bien.
- Le filon est juteux, j’ai fait le bon choix.
Ulysse Côme continuait d’arpenter la pièce, excité comme une puce.
- À savoir ?
- Eh ! bien, les riches yankees adorent se faire construire des maisons historiques... Je me suis pointé avec les plans du logis là-bas...
- Vous êtes allé aux États-Unis ?
- Ouais ! C’est pour ça que vous avez signé sans moi... J’ai battu le fer pendant qu’il était chaud, aussitôt la promesse de vente... J’ai tapé dans la butte, je me suis pointé direct à Wall Street dans les bureaux de la plus importante compagnie de maîtres d’œuvre US. J’ai négocié 30% du prix des maisons reproduites, clés en main. J’ai un contrat en béton... C’est le cas de le dire !
Il s’accroupissait pour mesurer la hauteur du jour sous la porte disjointe de l’entrée.
- Les petits détails qui font vieux, c’est ça le truc...
- Vous voulez dire que vous reproduisez aussi l’usure et les défauts !
- Exact. C’est ce qu’ils veulent, là-bas. Du neuf qui fait ancien, mais de l’ancien usé . Du coup, je suis en cheville avec un ébéniste qui me fabrique des portes et des fenêtres sur mesure, de traviole et patinées, genre patinées avec du ciment frais pour accélérer le processus... quarante pour cent pour moi, soixante pour cent pour lui. On les expédie de France, un label qui épate.
- Pour ce logis, je comprends : il était devenu votre propriété, et je ne conteste pas la reproduction préalable à mon acquisition. D’ailleurs, je m’en fiche. Mais je suppose que vous négociez des plans de résidences qui ne vous appartiennent pas... Ça ne pose pas de problèmes avec le droit de propriété ?
- Fastoche à négocier... La plupart des propriétaires sont éreintés par les impôts, souvent accrochés à leurs baraques mais fauchés. Je deale avec eux un pourcentage sur mon propre pourcentage... C’est selon, je m’adapte à leur situation.
- Ah !
- Si je vous disais... Ils sont hyper flattés. Je pense d’ailleurs mettre en place un projet de jumelage entre les propriétaires des demeures authentiques et ceux des copies, depuis que j’ai vu…
Il insista :
-  …de mes yeux vu : un couple d’outre-Atlantique tomber dans les bras de petits nobliaux français qui lui avaient cédé leurs plans. Ils sont devenus copains comme cochon. C’est un truc qui peut marcher !
- Ah !
- Vous dites souvent : « Ah !» On dirait que ça vous surprend : vous n’êtes pas branché business, monsieur Houle.
- Pas vraiment. Avez-vous pris assez de mesures ? Puis-je vous offrir un verre ?
Polycarpe le vit s’asseoir avec soulagement, mais il rebondit plusieurs fois de son siège, comme éjecté, pour aller vérifier les bulles d’air prises dans les vieilles vitres, le dessin de la plaque de fonte et les ferrures rouillées d’une porte de placard mural.
- OK, dit-il en allongeant ses jambes sur la table basse. Je la reconnais, cette table était dans la grange, vous avez réussi votre coup en coupant les pieds... idée à creuser.
Polycarpe se tenait devant son frigo ouvert.
- Que voulez-vous : coca, bière,  schweeps ?
- Schweeps.
Polycarpe lui tendit une canette et un verre, se décapsula une bière et profitant de la pause boisson, l’attaqua bille en tête :
- J’ai découvert vos plantations de chanvre indien. Vous ne manquiez pas de culot de cultiver ça sous le toit de Cornu.
Il rit à gorge déployée.
- Cornu ? C’était mon premier client ! Je blague : pour lui, c’était gratis. C’est aussi pour ça qu’il m’avait à la bonne. D’accord, asthmatique comme il était, c’était pas vraiment conseillé ! N’empêche, il était salement accro. Mais, moi, je le comprenais, voyez-vous. Ce pauvre vieux en avait tellement bavé dans sa vie ! Il était seul, fauché, toujours à cran... Avec l’herbe, il était devenu plus zen...
- Vous connaissiez son passé ?
- Vaguement : il s’était fait lourder de la magistrature. Remarquez, je vous dis ça maintenant qu’il n’est plus là : j’avais la consigne de garder toutes ses confidences secrètes. Et ça : je l’ai toujours respecté. Il me faisait trop confiance pour que je balance.
- Et la raison de ce « lourdage »... ?- Si je vous la dis, vous allez gamberger salement sur les rapports qu’on avait lui et moi... alors qu’entre nous c’était nickel chrome. Bon... Après tout, vous pouvez comprendre.
Ulysse changea de position et se pencha en avant, au-dessus de son verre, l’air concentré.
- Cornu était gay... Enfin, dans le temps, parce qu’il y a longtemps qu’il était rangé des voitures. Mais pas homo avec un copain attitré, il draguait dans les quartiers chauds... il ramenait ses conquêtes chez lui pour des séances sado-maso pas piquées de vers. Jusqu’au jour où l’un de ses pseudo tortionnaires s’est trouvé mis en examen pour un sale truc et, profitant de sa position de doyen des juges, il a classé la plainte. Une fois, deux fois. Un procu l’a repéré, qui lui a suggéré de faire son petit ménage lui-même, en démissionnant, histoire de pas faire de vagues. Aujourd’hui, ça se saurait peut-être, mais dans le temps, la justice devait rester irréprochable... Personne ne l’a su. Il me disait toujours -  vu qu’il me racontait cette histoire en boucle - en parlant du procu : « Ce Bourreau m’a exécuté, il portait bien son nom. » Voilà toute l’histoire !
- Je vois.
Le torchon que Lucette Bourreau lui avait fait lire était adressé à son propre mari, lequel n’était pas gay mais organisait des « ballets roses » ! Un juge pédéraste, un procureur pédophile, bidouillant des exclusions en sourdine. Polycarpe était sous le choc.
- Au départ, je savais pas, se défendit Ulysse. Il s’est confié par la suite, peut-être sous l’effet de la fumette !
- Au départ, comme vous dites, qu’est-ce qui vous a amené chez lui ?
- Ma famille est originaire des environs. Je connais cette baraque, la vôtre maintenant, depuis toujours. J’étais inscrit en architecture et je glandais pas mal. Et puis, un jour, je tombe sur une émission de télé, style « Envoyé spécial ». On nous montre des amerloques qui se faisaient construire carrément des châteaux forts sur les modèles de chez nous... Ça a fait tilt ! Je me suis dit qu’il y avait un créneau avec les manoirs, plus modestes, pour des ricains moins riches. Et de fil en aiguille, je suis venu voir Cornu, je lui ai parlé de mon projet... Peut-être qu’un vieil instinct pédéraste de derrière les fagots a fait le reste... Toujours est-il qu’il m’a carrément proposé de m’héberger gratos. Vu qu’à l’époque, j’avais du mal à boucler mes fins de mois, j’ai fait une affaire. Il était réglo, j’étais peinard. Je n’ai jamais eu à m’en plaindre.
Là-dessus, Ulysse bondit sur ses pieds.
- Content de vous avoir rencontré. Je file. J’ai ma famille à voir, ils m’attendent... Ah ! Au fait, en échange de l’hébergement, Cornu m’avait demandé d’explorer les souterrains et de l’aider à chercher ce que les ancêtres de Touche auraient planqué !
- Et alors ?
- Que dalle ! J’ai juste trouvé un petit coffret en bois qui contenait de vieilles paperasses écrites à la main… Il était dans une petite niche, pas vraiment caché, du côté de la sortie nord.
- C’est à dire ?
- Le souterrain remonte sur Soutrain et aboutit dans la sacristie de l’église. D’ailleurs, j’ai fait l’exploration avec Démosthène… Démosthène Angoulevent, le petit curé de Soutrain
- Qu’avez-vous fait de ces documents manuscrits ? Les avez-vous parcourus ?
- Vaguement ! Inintéressant ! J’ignore si Démosthène les a conservés !
Il passa la porte dans une dernière virevolte pour englober la salle du regard.
- Je reste quelques jours dans le secteur, on se reverra probablement ! lança-t-il en se dirigeant  vers sa voiture d’un pas élastique.

à suivre...

10:59 Écrit par Claudine | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook | |  Imprimer | |