Stalker ou le Grand-Sachant (21 janvier 2006)

Stalker a fait paraître la liste de ses nominés ! Il ne manquait plus que ça : il y a donc maintenant sur Haut et Fort un père fouettard, un Grand-Sachant, qui accorde magnanimement son estime aux écrivains qui le méritent et qui transforme ceux qu'il juge insanes, tel un sorcier de Rowling, en petit tas gluant… On craint qu'il se sente un peu seul à ces hauteurs vertigineuses même s'il se met volontairement hors d'atteinte du vulgum pecus en retirant aux blogueurs le droit de commenter ses articles…

On avait déjà mal digéré son distinguo oiseux entre bons lecteurs et "mauvais lecteurs" : n'y a-t-il pas de l'impudence à auto-promouvoir des textes en annonçant qu'ils ne sont pas destinés aux "mauvais lecteurs"  qu'il définit ainsi : "ceux qui lisent pour s'amuser, pour s'oublier (à tous les sens du termes), celles et ceux qui refusent de sonder les gouffres que révèlent les grandes œuvres, (…) qui n'admettent pas qu'un ouvrage puisse leur apporter autre chose que de la distraction et du rêve, (…) qui ne boivent que de l'eau plate, voire distillée, (…) qui ne savent pas que la littérature est un risque, celui de se perdre…" A contrario, suivez son regard, le bon lecteur est celui qui apprécie ses textes.

On est navré : la critique n'est pas l'œuvre, de même que toute création n'est pas art.
Il faudrait avoir une disponibilité encore supérieure à la sienne pour faire une analyse exhaustive de la logorrhée vitupératrice dont il inonde le labyrinthe de sa "Zone". Je ne me priverai pas, à l'occasion et de façon aléatoire, de décortiquer ici la mégalomanie de ses écrits mais  en attendant, j'ai un scoop pour les blogueurs d'Haut et Fort qui auraient éventuellement fréquenté le blog de Stalker sous-titré "dissection du cadavre de la littérature" : le cadavre vit encore !
 Alors qu'il s'apprêtait à trépaner la littérature et à laver ses boyaux pour découvrir les causes suspectes de son décès, la dépouille  a bougé, a ouvert un œil et, menaçant le zonard d'un scalpel, l'a obligé à prendre sa place sur le chariot. Il semble que la littérature, reprenant du poil de la bête, a l'intention de l'enfourner dans le congélateur où sont conservés depuis des décennies les générations successives de contempteurs du roman qu'ils qualifient depuis des siècles de "bourgeois" ou "réactionnaire". La littérature déclare dans un communiqué qu'elle est prête à libérer le zonard à condition qu'il laisse la littérature vaquer librement à ses occupations, raconter des histoires, distraire, faire rêver, amuser ou émouvoir ; qu'il cesse d'avoir pour objectif prioritaire de la dézinguer - vu que ce n'est pas nouveau sous le soleil ! C'est même complètement éculé !
La littérature que Stalker voit déjà morte, qu'il voudrait bien achever tellement il est énervé de la voir survivre à son érudition critique, c'est celle qui décrit l'humain et ses faiblesses et qui, par delà les siècles, nous permet de comprendre nos congénères et donne du sens à nos existences ; c'est une littérature construite par un écrivain-architecte, bâtie avec les matériaux maîtrisés du langage, où l'auteur ne se laisse pas dominer ses états d'âmes, excluant la polémique – apanage de la critique - pour offrir un miroir à l'homme. Stalker, faute de nous montrer l'œuvre achevée, offre à contempler ses échafaudages.

 

19:05 Écrit par Claudine | Lien permanent | Commentaires (3) |  Facebook | |  Imprimer | |